Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 132.djvu/942

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’inondation. Ce dessin souvent maladroit, mais d’une sincérité absolue dans sa forme simple et souvent naïve comme le commentaire qui l’accompagne, — et dont l’auteur, le capitaine d’état-major de Kausler, a fait également la campagne de Russie de 1812 en qualité d’officier dans l’armée wurtembergeoise, — s’il n’a pas la puissance d’exécution des dessins des Raffet, des Charlet, ni la magistrale fantaisie de Goya, frappe par son accent de sincérité néanmoins, par l’image faite d’après nature, et constitue un ensemble de documens d’un prix inestimable et le plus sûr des renseignemens. La belle préface qui sert d’introduction à l’ouvrage est due à M. Armand Dayot, écrivain si documenté sur l’histoire du premier Empire. Elle est ornée elle-même d’illustrations très curieuses ayant trait à la campagne de 1812.

N’est-ce pas le moment de parler des souvenirs[1] qui forment un véritable musée de tout ce qui appartient à la grande figure de l’empereur et où sont groupés avec tous ses portraits les armes, bijoux, décorations, vêtemens et meubles lui ayant appartenu, toutes ces reliques, conservées par ses fidèles et qui racontent pas à pas l’histoire de Napoléon depuis son enfance jusqu’à sa longue agonie et à son apothéose ?

L’Empereur a aussi sa place dans cette collection des Mots historiques[2] où revit toute l’histoire de France, si brièvement mais on ne peut plus ingénieusement présentée par M. Trogan dans une suite d’illustrations de Job, qui sont elles-mêmes une merveille d’invention de goût et, si suggestives qu’on ne peut plus oublier ces personnages, ni ces scènes, une fois qu’on les a vus.

Dans les Cahiers du capitaine Coignet[3], que tout le monde a lus et dont le succès valait d’être consacré par l’illustration, rien n’est inventé non plus. Pauvre comparse du plus grand des drames militaires, il était trop incapable d’altérer les faits ; il s’est contenté de dire ce qui s’est passé devant ses yeux, il parle en illettré, sans doute, mais avec un entrain, une vivacité d’expression, une originalité, que lui dictent son héroïsme simple et son dévouement pour l’Empereur. Il personnifie le soldat qui a la religion du régiment, l’amour de la guerre, et c’est l’intérêt supérieur de ces cahiers du grenadier sublime, du petit épicier d’Auxerre, que d’être pleins de témoignages ainsi exprimés et de détails qu’on chercherait vainement ailleurs. M. Le Blant, qui les a illustrés, s’est identifié à son héros, et ses types sont d’une vérité qui émeut dans cette très belle édition. Le récit des Guerres de

  1. Napoléon : la République ; le Consulat ; l’Empire ; Sainte-Hélène, 1 album in-8o oblong, avec illustrations ; Hachette.
  2. Mots historiques du pays de France, par Trogan, 1 album in-4o illustré par Job ; Mame.
  3. Les Cahiers du capitaine Coignet, par M. Lorédan Larchey, avec illustrations en couleurs et en noir, d’après M. Julien Le Blant, 1 vol, in-8o ; Hachette.