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montant des versemens était insuffisant pour faire face aux engagemens pris. A mesure que le taux de l’intérêt s’abaisse, il en résulte une augmentation des sommes nécessaires pour produire, par le jeu des intérêts composés, la réserve qui permettra de servir à chaque agent, quand il quittera le service, une rente viagère déterminée, réversible en partie sur sa veuve. Les calculs faits, par des méthodes très diverses, par les compagnies et par l’administration des chemins de fer de l’Etat, ont abouti à ce résultat concordant, que pour être au niveau des engagemens, les versemens devaient atteindre 15 à 16 pour 100 des salaires.

Les retenues faites aux agens variaient de 3 à 5 pour 100 selon les réseaux, et n’ont pas été augmentées jusqu’ici. Les versemens des compagnies, au contraire, ont été relevés dans une large proportion. Il en est résulté des augmentations des dépenses annuelles atteignant près de 12 millions dans la période décennale. Malgré cela, la compagnie de l’Ouest a dû encore se décidera appliquer, à partir de 1895, une augmentation qui se traduira par plus de 2 millions de charges. Celle de Lyon a apporté, dans le régime de ses retraites, une transformation qui ne s’appliquera que progressivement, et qui entraînera peu à peu 1 500 000 francs de dépenses annuelles de plus. Au moins semble-t-il que, si la baisse du taux de l’intérêt ne s’accentue pas trop, on sera ainsi au. bout des sacrifices nécessaires. Les agens des chemins de fer sont aujourd’hui, au point de vue des retraites, les mieux traités des citoyens français ; les dispositions législatives qui peuvent intervenir sur la question générale des retraites ouvrières n’accroîtront donc pas les charges de la garantie.

Au point de vue des conditions du travail et des salaires, la situation des compagnies, vis-à-vis d’une grande partie de leur personnel, de tous les agens employés au service des bureaux, à la manutention des colis, etc., est la même que celle de l’industrie privée. Les augmentations de dépenses provenant de l’amélioration de la situation de ces agens, sont donc uniquement celles qui résultent de la loi de progrès économique, si manifestement mise en relief dans ces dernières années, en vertu de laquelle la rémunération du travail va en augmentant, et celle des capitaux nouveaux en diminuant. Mais vis-à-vis des agens dont le service intéresse la sécurité, la situation n’est pas la même. Le pouvoir général qui appartient au ministre, de veillera la sécurité publique, comprend celui d’édicter les règles nécessaires pour que cette sécurité ne soit pas compromise par l’excès de fatigue des agens qui ont à manœuvrer ou à observer les signaux, et de ceux qui dirigent le mouvement des trains.