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tonne d’alluvion, au Transvaal et en Australie, profiteront tout naturellement à la Côte d’Ivoire, où le nombre considérable des filons et des placers offre le champ le plus vierge comme le plus magnifique à l’activité des chercheurs d’or.

Rien n’est plus habituel, en pareille matière, que d’être taxé d’exagération ; nous sera-t-il cependant permis de dire que nos modestes constatations personnelles, — corroborant d’ailleurs presque en tous points celles de Dahse, de Burton et Cameron, de Skertchley, de G. J. Harvey et de tant d’autres à la Côte d’Or, — nous ont autorisé à conclure que, sur des centaines de lieues carrées, le sol de notre colonie, à des étages différens, contient de l’or ? Cette vaste coulée de terrains alluvionnaires, modifiés superficiellement par les transports glaciaires, qui recouvrent la superficie presque totale de la Côte d’Ivoire, produits détritiques de l’effritement continu des filons primitifs par l’action des eaux, a produit une véritable saturation du métal précieux dans les couches du sol immédiatement inférieures à l’humus. Parfois même celui-ci en est imprégné. Une semblable disposition ne peut que faciliter beaucoup le traitement des sables à ciel ouvert ; on ne saurait mieux en faire ressortir le grand intérêt pratique qu’en mettant en parallèle ces conditions si favorables d’exploitation avec celles des mines d’alluvions de certains districts australiens, de Bendigo par exemple, dans lesquelles on doit commencer, pour atteindre la masse aurifère, par forer des puits de 100 à 250 mètres dans le basalte, et développer ensuite des galeries au niveau des sables. La teneur en or, à Bendigo, est, au surplus, très inférieure à celle obtenue en moyenne à la Côte d’Ivoire où les alluvions anciennes de l’Alangoua et de l’Attié, notamment, ont donné couramment 9 et 10 grammes à la tonne, sur certains points jusqu’à 17. Bendigo, lui, n’en fournit que de 1gr, 50 à 5 grammes. Quant à l’épaisseur des dépôts alluvionnaires, elle varie naturellement avec la configuration primitive du sol, rarement inférieure à trois ou quatre mètres, rarement supérieure à quinze ou vingt. Souvent lu sable aurifère se rencontre à flanc de coteau ou même au sommet d’une colline : ce phénomène bien connu est dû au soulèvement de la masse alluvionnaire par une éruption de roches métallisantes, postérieure à la formation dévonienne ou silurienne qui forme la base de la constitution géologique de la Guinée.

Tandis que les vallées forment le gîte le plus ordinaire des sables riches en or, les collines qui les séparent sont fréquemment recoupées par les filons d’où ces sables, à l’origine, sont descendus. Ces filons se composent soit de quartz et de quartzites en