Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 137.djvu/461

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.





REVUES ÉTRANGÈRES





REVUES ALLEMANDES





la correspondance de caroline de gunderode et de frédéric creuzer


Dans la fine et pénétrante étude qu’il consacrait naguère, ici même, à Caroline de Gunderode et à ses amis[1], G. Valbert regrettait, on s’en souvient, que tant de mystère planât encore sur les relations de Caroline avec le philosophe Frédéric Creuzer, dont nous savions seulement, en effet, qu’elles avaient conduit la jeune poète à son tragique suicide. « Comment Creuzer fit-il connaissance avec Caroline ? Nous l’ignorons, et nous ne possédons, par malheur, aucune des lettres qu’ils s’écrivirent. » Nous possédions bien, en revanche, le gros volume publié sur la Gunderode par Bettina d’Arnim, qui avait été longtemps l’amie et la confidente de l’infortunée jeune fille : mais tout le volume n’était rempli que de la correspondance de Caroline de Gunderode avec Bettina ; et pour comble de malheur on s’est aperçu que cette dernière, suivant son habitude, avait substitué aux vraies lettres de son amie des poèmes en prose de son invention. Une seule chose était certaine : que Caroline de Gunderode avait aimé Frédéric Creuzer assez passionnément pour mourir de cet amour ; et, de fait, il n’en fallait pas davantage pour rendre à jamais poétique et touchante la figure de cette chanoinesse, « qui avait de si beaux yeux et une taille de nymphe ». Mais Creuzer, l’auteur de la Symbolique, quel rôle avait-il joué dans

  1. Voyez la Revue du 1er février 1895.