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britannique ? Loin de les séparer, l’Océan est le lien qui réunit ces membres épars. La Grande-Bretagne est en quelque sorte chez elle sur les chemins maritimes qui conduisent à ses dépendances ; elle peut empêcher les autres États de communiquer avec les leurs ou du moins leur créer mille difficultés à le faire. C’est ce qui distingue essentiellement l’empire colonial anglais : sa métropole est maîtresse des mers, les communications entre ses diverses parties sont aussi assurées en toute circonstance que si elles formaient un territoire continu.

Ce qui subsiste, en dépit du télégraphe et de la vapeur, en dépit de la puissance de la flotte britannique, c’est la variété des races et des climats qui se partagent l’Empire. De cette variété résulte l’absence d’un organe de gouvernement commun et une extraordinaire complexité dans la manière dont sont administrées les différentes possessions de l’Angleterre. Blancs de l’Australie ou du Canada, populations mêlées du Cap et de Natal, Asiatiques de toute sorte, noirs plus ou moins civilisés des Antilles, nègres tout à fait primitifs de l’Afrique, Papous de la Nouvelle-Guinée, les Anglais n’ont pas eu la folie de croire que le même régime convînt à tous ces peuples ; ils n’ont pas pensé non plus qu’il fût possible d’installer dès l’abord dans des territoires tout récemment acquis le même appareil gouvernemental que dans des pays qu’ils possèdent depuis longtemps, les conditions de race et de climat fussent-elles semblables. Toutes ces contrées ne sont même pas pour eux des colonies, et le terme plus général de possessions anglaises est le seul qu’ils jugent applicable à toutes les dépendances du Royaume-Uni. C’est ainsi qu’elles sont désignées dans les publications officielles qui ont trait à toutes les parties de l’Empire, comme par exemple le Statistical Abstract for the Colonial and other possessions of the United Kingdom. Parmi les possessions qui ne sont pas des colonies, il faut mentionner au premier rang l’Inde et ses dépendances, formant un empire dans l’Empire, gouvernée par un vice-roi sous l’autorité d’un ministre spécial, qui administre lui-même, par d’autres intermédiaires, divers groupes d’îles et les importantes positions militaires d’Aden et de Perim ; — il faut citer ensuite les protectorats des Somalis, de la côte du Niger et de l’Ouganda, qui sont rattachés au ministère des Affaires étrangères ; — l’île de l’Ascension qui dépend du ministère de la Marine ; — et surtout les territoires de la Compagnie Royale du Niger, de la Compagnie Impériale de