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REVUE DRMATIQUE

A la Comédie-Française, l’Évasion, comédie en trois actes, de M. Brieux. — A la Renaissance, Lorenzaccio, d’Alfred de Musset, mis en cinq actes, par M. Armand d’Artois. — Au Gymnase, Idylle tragique, pièce en quatre actes et six tableaux, tirée, par M. Pierre Decourcelle, du roman de M. Paul Bourget.

M. Brieux continue à ne pas redouter ce qu’on appelle les grands sujets. Il faut lui savoir gré, en un temps où le théâtre est dévoré par la comédie psychologique et quelquefois pathologique et par la comédie de mauvaises mœurs, de ne se point cantonner dans l’adultère et le parisianisme, d’affronter avec une vigoureuse candeur les questions sociales et même les problèmes scientifiques, de s’évertuer à prouver quelque chose et d’oser encore « la pièce à thèse ». Et, finalement, cette ambition ne lui réussit pas mal. Car, même lorsqu’il lui arrive de faire un peu autre chose que ce qu’il avait cru, ce qu’il fait se ressent toujours de la hauteur et de la générosité de son premier dessein ; et ainsi, de ce qui devait être un grand drame philosophico-social, il peut rester du moins une comédie satirique assez forte et d’un assez grand prix.

C’est peut-être l’aventure de son dernier ouvrage : l’Evasion. L’Evasion est, à première vue, et était certainement dans la pensée de l’auteur, une pièce à thèse. La thèse est celle-ci : que les théories de certains médecins sur l’atavisme sont fausses ou pour le moins obscures et douteuses, et qu’on peut toujours échapper aux prétendues fatalités de l’hérédité morale, ou même physiologique, par l’effort de la volonté. Et voilà qui est bien. Oui, c’est une thèse, mais était-ce une thèse qui pût être développée sous la forme d’une action dramatique ?

Le Fils naturel, les Idées de Madame Aubray, Madame Caverlet, pièces à thèse, visent des préjugés sociaux ou des articles du code