Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 139.djvu/722

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dire, on sait aujourd’hui partout à quoi s’en tenir, et cependant, au dehors, on saisit les moindres prétextes pour faire naître à ce sujet des doutes que ceux qui les propagent n’éprouvent peut-être pas eux-mêmes. Ainsi nous racontions, il y a quinze jours, un incident diplomatique dans lequel le gouvernement français et le gouvernement russe avaient eu quelque peine à trouver le meilleur moyen d’atteindre le but qu’ils se proposaient en commun. Si l’on connaissait les détails du ménage que font ensemble l’Allemagne et l’Autriche, l’Autriche et l’Italie, on en verrait bien d’autres ! Le fait dont nous avons parlé n’avait pas grande importance ; cela n’a pas empêché les journaux étrangers d’en tirer des conséquences à perte de vue, et la plupart d’entre eux persistent encore à soutenir que, dès le premier pas qu’elles ont voulu faire côte à côte sur le terrain des affaires, la France et la Russie n’ont pas pu rester d’accord. Il ne faudrait pas, à coup sûr, donner à ceux qui nous, observent l’occasion de faire trop souvent des constatations| de ce genre même lorsqu’elles ne reposent que sur des apparences, et c’est pourquoi il était très bon que le comte MouraviefvintàParis. Son voyage est, au surplus, la meilleure des protestations contre les bruits fâcheux qu’on avait fait courir. Nous avons un autre motif de nous réjouir du voyage du comte Mouravief : le nouveau ministre russe pourra constater lui-même les sentimens qu’il inspire. La nouvelle de sa nomination, aussitôt qu’elle a été connue, a produit en France une heureuse impression. D’abord, on trouvait que l’intérim ministériel s’était peut-être prolongé un peu longtemps, et on venait précisément de voir que cela n’était pas sans inconvéniens. De plus, le comte Mouravief a laissé autrefois à Paris, comme secrétaire d’ambassade, des souvenirs très sympathiques. Enfin la marque d’estime personnelle et de confiance, que lui donnait son souverain, le recommandait auprès de nous. Il vient de Copenhague, c’est-à-dire d’une cour de famille pour l’empereur Nicolas et pour sa mère l’impératrice Marie-Feodorovna : c’était encore une considération qui n’était pas indifférente à nos yeux. Pour tous ces motifs, le choix du comte Mouravief nous avait été agréable, et son voyage à Paris ne peut que nous causer une réelle satisfaction.

Francis Charmes.