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pour cela les portefeuilles de leurs propriétaires. Il est cruel d’avoir à parler de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine comme des pays étrangers : mais il faut faire entrer en ligne de compte dans notre énumération les biens que nous possédons encore de l’autre côté des Vosges, et qu’une législation vexatoire s’efforce de nous arracher par toutes les voies possibles. Puisque nous bornons notre statistique à la fortune mobilière, nous ne ferons pas entrer les valeurs allemandes pour plus de 200 millions de francs.

Notre tour d’Europe est achevé. Passons l’Atlantique, et cherchons quelle part de nos économies a été confiée aux deux Amériques. Commençons par les États-Unis, qui éclipsent toutes les autres communautés de ces vastes continens et dont la puissance économique ne cesse de croître à pas de géant. Ses valeurs ont été parmi les premières qui ont figuré à notre cote, lorsque celle-ci a commencé à s’ouvrir aux valeurs étrangères. Dès le début de la monarchie de Juillet, nous y avons vu figurer les obligations de plusieurs Etats, tels que New-York, Ohio, Indiana, Illinois. Lors de la guerre de Sécession, la France acheta des quantités importantes de la rente fédérale 6 pour 100 or : elle ne sortit des portefeuilles de nos compatriotes que lors des rembourse-mens rapides qui éteignirent en peu d’années la dette formidable que la confédération n’avait pas craint de contracter pour s’assurer la victoire. Aujourd’hui il ne subsiste plus à notre cote que le 4 pour 100 consolidé, qui n’est pas remboursable avant 1907. Un certain nombre d’actions et surtout d’obligations de chemins de fer des Etats-Unis ont été acquises en France. Les élémens manquent pour établir avec précision le chiffre de ces placemens, que nous croyons pouvoir évaluer approximativement à un demi-milliard de francs.

Malgré les liens du sang, le Canada n’a pas beaucoup attiré l’attention de nos capitalistes. Deux catégories de ses emprunts figurent sur notre cote, des 4 pour 100 garantis par l’Angleterre, et des 4 pour 100 non garantis, remboursables les uns et les autres dans des périodes rapprochées, dont la plus longue ne dépasse pas 1913. Des obligations du gouvernement de Québec, les actions et obligations du Canada Pacific Railway, certaines actions de mines dans la Colombie britannique, où se porte depuis quelque temps l’activité des chercheurs d’or et autres métaux, complètent la liste de nos placemens canadiens, dont le total ne doit pas dépasser 100 millions de francs.