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reconquista del Indio qui est jugée indispensable, urgente, pour rattacher l’Indien à l’Espagne, on ne peut se servir que des moines, parce qu’il n’y a qu’eux qui connaissent assez bien le pays et les indigènes, la langue, les coutumes et les mœurs : parce que de tout ce qui est espagnol il n’y a qu’eux qui, avant qu’on les en arrache, aient un peu pénétré et poussé des racines en cette terre[1]. Il suit de là qu’on ne peut ni se passer des ordres, ni s’en remettre trop ostensiblement aux ordres ; que la politique espagnole ne peut ni se faire par eux, ni se faire sans eux. Et c’est une grande difficulté, si grande qu’il n’y aurait presque pas de paradoxe à conclure que pour l’Espagne la guerre aux Philippines est moins embarrassante que la paix.

Disons simplement que les embarras et les soucis de l’Espagne n’y prennent pas fin avec la fin de la guerre et que, la paix ramenée, il reste, par des moyens qui portent et pour un temps qui dure, à assurer la pacification. En termes plus abstraits, mais tout aussi exacts, il reste à faire du présent avec du passé et à en tirer de l’avenir ; c’est l’œuvre même de la vie ; mais peut-être les Espagnols se sont-ils toujours mieux entendus à batailler et mourir qu’à vivre et organiser.


CHARLES BENOIST.

  1. Voyez Maldonado Macanaz, Rinéon, Belloc y Sanchez, etc.