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fût sous Septime-Sévère qu’il fut admis au droit italique, et cela sans doute après que Caracalla eut été associé à l’empire. En tout cas on sait qu’à partir de ces princes et de leurs successeurs, non seulement la qualité de citoyen fut accordée à un grand nombre de personnages de marque, mais encore que des Orientaux furent admis dans le sénat de Rome et honorés des titres de consul et de consulaire. Et c’est aussi à dater de ce moment qu’on voit les Palmyréniens adopter l’usage, attesté par les inscriptions, de faire précéder leur double nom grec et araméen d’un nom latin : celui de l’empereur qui les avait faits citoyens romains. Septimius indiquait que telle famille devait ses droits à Septime-Sévère ; Julius Aurelius, à Caracalla ou à Elagabal. Odeynath et Zénobie étaient des Septimiens.

Il n’est pas indispensable de s’arrêter aux inscriptions religieuses et funéraires. Elles sont, cependant, intéressantes, car les premières permettent de reconstituer le Panthéon syro-arabe, et les prières et invocations qu’elles portent nous donnent l’idée des divinités locales et du culte qu’on leur rendait. « Au dieu miséricordieux ! A celui dont le nom est béni dans l’éternité ! » C’est au Soleil que l’on s’adressait ainsi ; et on ne le nommait pas plus qu’on ne le représentait dans les temples. Les légendes inscrites sur les tombeaux témoignent du respect que l’on avait pour les morts et des soins pieux dont on entourait leur mémoire. Mais nous devons plutôt nous occuper des images honorifiques. Nous en avons déjà rencontré quelques-unes. Elles sont très nombreuses, et les textes épigraphiques qui les accompagnent viennent éclairer l’histoire. Il y a quantité de bustes placés sur les édifices publics, et aussi dans l’intérieur des sépultures de famille. Les statues ont encore plus d’importance. Plusieurs ont été érigées par le sénat et par le peuple ou par des particuliers à des citoyens investis de hautes dignités et de délégations impériales. L’hommage qui leur est rendu est accompagné de leur généalogie et surtout de l’énumération de leurs titres. Par là nous apprenons quelle était l’organisation politique de la cité. Les plus importantes de ces images sont celles que l’on consacrait aux princes. Ici l’épigraphie, aidée de la numismatique, débrouille l’histoire de la dynastie des Odeynath. Ils sont dits illustres sénateurs, consulaires, princes de Palmyre. Nous avons l’inscription d’une statue d’Odeynath II, l’époux de Zénobie ; elle lui fut dédiée quelque années après sa mort. Il y a le titre de Roi des rois, mais non d’Auguste. Une