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Massachusetts, le faible taux de natalité est d’autant plus frappant qu’il s’agit là d’une contrée manufacturière où abondent les Canadiens français qui, comme on le sait, sont très prolifiques dans leur pays, mais prennent d’autres mœurs aux Etats-Unis.

Quant à la décroissance de la natalité aux Etats-Unis dans leur ensemble, depuis un certain nombre d’années, elle est attestée de la façon la plus nette et la plus officielle par le surintendant du Census (recensement) de 1890, M. Robert P. Porter, qui, dans un coup d’œil d’ensemble, tire cette conclusion : « Les plus frappans ou les uniques résultats du onzième recensement peuvent être résumés ainsi : un vif déclin du taux de la natalité dans l’ensemble et un net affaiblissement du taux d’accroissement de notre population de nègres[1]. » On ne saurait être plus affirmatif : un vif déclin du taux de la natalité dans l’ensemble, a sharp decline of the birthrate as a whole, voilà le trait caractéristique du mouvement démographique aux Etats-Unis ; cet immense peuple, depuis vingt ans surtout, s’accroît beaucoup plus par l’immigration que par sa fécondité propre ; de là aussi les mécomptes que les recensemens récens infligent à l’orgueil des Américains ; ils se flattaient, lors du Census de 1890, de compter 66 à 68 millions d’habitans ; on n’en a trouvé que 62 981 000.

Les plus nouvelles sociétés britanniques, situées aux antipodes, n’offrent pas, à l’heure présente, une plus grande fécondité ; elles connurent des jours où la population s’y montrait prolifique, mais ces jours sont passés. Pour les sept colonies de ce groupe, la Nouvelle-Zélande comprise, la natalité relativement à l’ensemble de la population atteignait létaux élevé de 38 pour 1 000 en 1871 ; elle ne montait plus qu’à 36 pour 1 000 en 1881 ; elle fléchissait de nouveau à 34 en 1891 ; enfin, en 1895, pour les six principales de ces colonies (les chiffres manquent au sujet de la moindre, l’Australie de l’ouest), l’ensemble des naissances n’est que de 121 228, pour une population de 4 180 000 âmes, Maoris compris, soit un taux de natalité de 28,6 pour 1 000, sensiblement inférieur à celui de la mère patrie. Le trait le plus caractéristique est la faible natalité de la Nouvelle-Zélande, la contrée la plus démocratique du monde entier, celle où s’épanouit le féminisme et où se multiplient les expériences socialistes : de 40 pour 1 000 en

  1. The eleventh United States Census, by hon. Hubert P. Porter. superintendent of the eleventh Census. Journal of the Royal Statistical Society, décembre 1894, p. 658.