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dont les matières sont : les mathématiques (arithmétique, algèbre, géométrie plane et dans l’espace, trigonométrie rectiligne, géométrie analytique) ; le latin, le grec, le français et l’allemand, l’anglais, l’histoire (histoire grecque, histoire romaine, histoire d’Angleterre, histoire des Etats-Unis, géographie), et les élémens de la géographie physique, de la botanique et de la chimie. On a d’ailleurs la faculté, dans ce programme d’examen, de substituer l’un à l’autre le grec ou les mathématiques... Je n’en puis dire davantage, et, je le répète, il y aurait de l’impertinence de ma part à vouloir évaluer la solidité des connaissances dont les candidats font preuve même dans ce premier examen. Comment le pourrais-je, s’il me serait bien difficile de dire avec exactitude quelle est la valeur de nos bacheliers ; et Dieu sait combien, moi qui écris, j’en ai pourtant autrefois fabriqué I

Si d’ailleurs j’ai cru devoir m’étendre sur cette question des Universités américaines, c’est que je n’ai pas de meilleur moyen de les remercier de leur accueil que de contribuer à les faire mieux connaître ; et puis, de tout ce que je vois, de tout ce que j’entends, de tout ce que je lis, c’est qu’il me semble qu’une autre leçon encore se dégage pour nous. Me permettra-t-on, pour l’exprimer clairement, d’appeler le barbarisme à mon aide ? Il me semble donc que, par l’intermédiaire de ces grandes Universités, toute une partie de l’Amérique est en train de s’aristocratiser. Tandis qu’en France, avec notre « enseignement moderne », avec la « spécialisation de nos licences », avec l’ « esprit de régionalisme » que nous essayons d’inoculer à nos Universités, nous diminuons la part de l’instruction générale ; on s’efforce, tout au contraire, en Amérique, de l’étendre, de l’accroître, et de la consolider. Tandis que nous nous détachons insensiblement de nos traditions, les Américains, — qui ne se consolent pas de n’avoir pas une histoire plusieurs fois séculaire, — essaient précisément de se rattacher aux traditions que nous abandonnons. « Histoire des institutions grecques » ou « Critique des livres de l’Ancien Testament », ils se font comme qui dirait un passé intellectuel de tout ce que nous affectons de regarder comme inutile ou suranné. Et si peut-être les programmes de leurs Universités ne tiennent pas toutes leurs promesses, outre qu’il en est souvent ainsi des nôtres, il n’importe, et ce sont les tendances qu’il faut considérer. Les tendances universitaires en Amérique vont à constituer