Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux années ; la seconde épreuve embrasse les mêmes matières que la première, mais plus étendues et plus approfondies. Les candidats qui se destinent aux fonctions judiciaires doivent être docteurs en droit et avoir subi en outre un examen technique portant sur les langues malaise et javanaise, le droit musulman et les coutumes des Indes Néerlandaises, le droit public et les institutions coloniales des possessions d’outre-mer[1]. Le recrutement se fait annuellement par les soins du ministre des colonies qui, après en avoir délibéré avec le gouvernement des Indes, publie dans le journal officiel le nombre des candidats qui peuvent être mis à la disposition du gouverneur-général pour entrer soit dans les fonctions administratives, soit dans les fonctions judiciaires. Le triage se fait ensuite d’après le rang conquis à l’examen. Les candidats choisis ont droit, outre le passage en première classe, à une indemnité pour frais d’équipement, et dès leur arrivée aux Indes, ils touchent un traitement provisoire qui leur permet d’attendre leur nomination définitive : car ils ne sont pas immédiatement pourvus d’un poste important, et doivent d’abord faire un stage auprès d’un contrôleur ou d’un assistant-résident qui les initie à la pratique des affaires coloniales. Le montant des traitemens des fonctionnaires civils est fixé par le Roi ou par le gouverneur général. Ces traitemens sont au moins triples de ceux qu’ils toucheraient en Europe dans des situations similaires, et une pension leur garantit la sécurité de la retraite après la sécurité de la carrière. Les gouverneurs de province touchent 20 000 florins, les résidens 12 000, 15 000 ou 18 000 florins, les contrôleurs 3 600 à 4 000 florins ; il n’est si modeste juge de paix ou greffier qui ne soit grossement rétribué. Dans les grandes villes de la colonie, à Batavia ou à Sourabaya, un avocat en vue gagne au minimum 30 000 florins. On le voit, le corps de fonctionnaires qui préside aux destinées de Java est savamment organisé, minutieusement recruté, fortement rétribué : il constitue l’élite de la jeunesse de la métropole par la sévère sélection dont il est l’objet. C’est peut-être le personnel colonial le plus parfait qui soit au monde.

Voici maintenant où le système colonial des Hollandais à Java apparaît dans toute son habileté. Le mécanisme consiste à dissimuler les véritables moteurs de la machine sous des rouages

  1. Regeerings Almanak, 1896.