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marchés à terme sur nombre de valeurs a conduit à l’organisation d’opérations à livrer, en dehors même du cadre des affaires de bourse régulières, si bien que le but de la loi paraît entièrement manqué de ce côté. Quant au registre, les inscriptions y sont des plus rares : 50 personnes à Berlin, 9 à Francfort, tel était le total au bout de six mois. On continue à traiter les affaires sur la foi des engagemens contractés, et tout en sachant que la loi ne les reconnaîtrait pas si une difficulté s’élevait : ce qui, soit dit en passant, montre que la loyauté et la confiance réciproque sont la base de la plupart des transactions de bourse. d’une façon générale, les transactions diminuent, comme l’indiquent les produits de l’impôt du timbre et de l’impôt sur les transactions, inférieurs d’un million de francs, pour le second trimestre de 1897, à ce qu’ils étaient pour la période correspondante de 1896.

Quant à l’interdiction des marchés à terme sur les céréales, elle a eu pour effet de faire baisser les prix à Berlin depuis le début de l’année, alors qu’ils montaient à Budapest et à Paris. Voilà le résultat qu’ont obtenu les agrariens, qui allaient sans cesse répétant que le marché à terme n’avait d’autre effet que de déprimer les cours et que sa suppression serait le signal d’une hausse immédiate et durable. Des plaintes commencent à se faire jour sur l’absence d’une cote authentique des céréales, dont les agriculteurs ont plus besoin que personne pour diriger leurs opérations. Déjà ils demandent qu’on autorise les marchés à livrer, à la condition que le vendeur soit en possession de la marchandise ; ils voudraient que les chambres d’agriculture dressassent régulièrement un bulletin des cours. D’autre part, irrités de voir que l’effet attendu ne se produisait pas, ils ont été jusqu’à proposer, en juillet 1897, d’interdire l’importation de céréales étrangères, avouant ainsi, malgré eux, que toutes les entraves apportées à la liberté des échanges nuisent à ceux-là mêmes qui espéraient en retirer les fruits. Mais ils ont beau se débattre et vouloir démontrer que le commerce est l’ennemi de l’agriculture. Les faits sont plus forts que leurs paradoxes. Le jeu naturel de l’offre et de la demande, la liberté des transactions, sont aussi nécessaires, sont plus nécessaires aux producteurs de blé qu’à aucun fabricant. La police a fermé, en juin dernier, la réunion du « Palais des fées » de Berlin, où un certain nombre de négocians avaient essayé de se grouper pour procéder à des échanges de céréales. Il ne s’écoulera pas longtemps avant que les paysans eux-mêmes réclament