Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traiter à cet effet avec les particuliers aussi bien qu’avec les gouvernemens.

On voit avec quelle ampleur l’action de l’établissement s’étend aux diverses parties du monde et aux genres d’affaires les plus variés. Il ne s’arrête du reste pas dans la voie de développement ininterrompu où il marche depuis longtemps. Voici qu’en 1897, il a absorbé deux banques provinciales, augmenté son capital et fortifié ses réserves du même coup. La prime élevée cotée sur ses actions, dont le cours est plus que double du pair, a facilité singulièrement cette nouvelle transformation. Déjà la valeur de ses titres a dépassé celle des actions de la plus ancienne des banques berlinoises, la Société d’escompte, que le monde financier considérait comme la première institution de crédit de l’Allemagne. C’est à l’émulation qui anime les hommes chargés de la direction de ces puissans organismes et de ces vastes capitaux qu’on peut mesurer l’intensité de l’effort et les résultats obtenus. Cette dernière étape a porté le capital de la Deutsche Bank à 150 millions de marks, soit 187 millions de francs, un peu plus que celui de la Banque de France, un quart de plus que celui de la Banque de l’Empire d’Allemagne. Elle aura maintenant un réseau de succursales s’étendant sur tout le pays, sans compter ses établissemens à l’étranger, agences ou commandites. Il est permis de croire qu’en accomplissant cette transformation, les administrateurs de la Banque se sont inspirés de l’exemple d’une grande société de crédit française : les deux organisations ont plus d’un point de ressemblance.


IV

De ce que nous avons, selon la formule de Le Play, dressé une monographie, il ne faut pas conclure que l’exemple de la Deutsche Bank soit isolé et que ce développement rapide et méthodique, cette expansion puissante, soient à l’état d’exception dans le monde financier allemand. Certes, nous avons choisi l’établissement le plus énergique, celui qui a, en peu d’années, accompli les progrès les plus remarquables. Mais, s’il a pris la tête du mouvement, il a été suivi par les autres ; l’historique que nous pourrions faire de ceux-ci montrerait un développement sinon égal, du moins constant. Jusque vers 1850, quelques banques d’émission, existant en Allemagne à côté des banquiers particuliers, suffisaient à rendre