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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre.


Rien à dire de notre situation intérieure. Depuis un mois, elle ne s’est pas modifiée, et la rentrée des Chambres, qui aurait pu y apporter quelques changemens, n’y en a apporté aucun. On assure que les peuples sont heureux lorsqu’ils n’ont pas d’histoire. S’il en est ainsi, nous devons être heureux, peut-être sans le savoir. Jamais la reprise des travaux parlementaires ne s’était faite encore dans des conditions plus pacifiques. Il est même permis de les trouver un peu ternes. On a discuté d’abord quelques lois d’affaires laissées en retard, puis on a abordé le budget. Autrefois, la discussion générale du budget prenait un temps considérable. C’est là que tous les grands théoriciens du Parlement se donnaient rendez-vous. On y établissait la relation étroite qui existe entre la politique et les finances, et d’après celles-ci on jugeait celle-là. Il n’y a pas eu, cette année, de discussion générale. Les orateurs se sont mis en grève : on les retrouvera sans doute au coin de quelque budget spécial, ou de quelque article de la loi de finances, où ils se sont embusqués. Comment croire que l’opposition, à la veille des élections générales, puisse rester muette jusqu’au bout et se contenter d’une guerre d’escarmouches ? La discussion du budget finira peut-être moins bien qu’elle n’a commencé. Pour le moment, nous sommes au calme le plus plat : profitons-en pour regarder un peu ce qui se passe au delà de nos frontières.


Il ne s’y passe pas non plus d’événemens bien importans ; mais, peut-être pour ce motif, l’Europe, se trouvant de loisir, a pu faire un de ces examens de conscience auxquels elle se livre quelquefois. Il a été superficiel, sans doute ; on n’est pas allé jusqu’au fond des choses ; mais on en a effleuré plus d’une, tout cela à propos d’un article qu’un professeur italien, ami, dit-on, de M. Giolitti, a fait dans la Nuova Antologia. L’article de M. Andréa Frassati était intitulé : « La politique étrangère de l’Italie et la Double Alliance. » Nous ne suivrons pas l’auteur dans tous les méandres où il laisse courir sa pensée