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XII. — Italiens

(dont 5 cléricaux italiens).

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XIII. — Démocrates 1
XIV. — Politiques-sociaux 1
XV. — Démocrates-sociaux (socialistes) 14

J’ose dire qu’un pareil tableau est plus instructif que de longs raisonnemens. On y aperçoit du premier coup d’œil, au simple point de vue du nombre, que la force respective des quinze partis et des trente groupes en présence va de 79 à 1, car il y a dans la Chambre autrichienne deux députés dont chacun représente, à lui seul, tout son parti. — D’où il suit qu’il ne peut point y avoir dans cette Chambre de majorité homogène. — On y voit ensuite que, si l’effectif le plus fort, 79, est atteint par les Tchèques, il ne s’en faut que de deux unités, 77, que les Allemands progressistes et libéraux ne l’atteignent ; et que, si les Allemands cléricaux et conservateurs se rangent d’un côté, puisqu’ils sont 43, les Allemands nationaux, qui sont 47, ramènent la balance en se rangeant de l’autre. D’où il suit que les 68 Polonais sont les maîtres de la situation ; les Slovènes, Croates, Serbes, Ruthènes, Roumains, Italiens, d’une part, et, d’autre part, les chrétiens-sociaux ou les démocrates-sociaux ne pouvant faire qu’un appoint dans un sens ou dans l’autre ; mais cet appoint lui-même, si faible qu’il soit, pouvant à tout instant devenir décisif.

D’où il suit encore que, de même qu’il n’y a pas de majorité homogène, il n’y a pas non plus de majorité ferme et stable ; qu’elle se fait et se défait sans cesse, au hasard des questions posées ; que les groupes vont et viennent de la majorité à l’opposition, et inversement, en un temps très court ; que le ministre qui s’endort avec une majorité n’est pas certain de la retrouver en s’éveillant, de la retrouver la même, ni d’en retrouver une ; ou plutôt qu’il lui est défendu de s’endormir, devant passer jour et nuit à assembler, à tenir, à rattraper, à remplacer les morceaux de sa majorité qui s’en vont. Rieu que depuis le 1er octobre, qui saurait en quelles perplexités les Allemands cléricaux du baron Dipauli et du docteur Ebenhoch ont jeté le comte Badeni plaindrait assurément de tout son cœur le président du Conseil autrichien.

Mais le tableau que nous avons reproduit ne parle pas seulement par ses chiffres. L’Autriche y est comme peinte en raccourci, avec ses divisions nationales et ses divisions sociales : Allemands,