Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/610

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Par l’escalier du ciel l’enfantine journée
Descend, légère et blanche, et de fleurs couronnée,
Et, pour mieux l’accueillir, la mer au sein changeant
Scintille, à l’horizon, toute vive d’argent.
Mais déjà les enfans s’échappent ; vers la plage
Ils courent, mi-vêtus, chercher le coquillage.
En vain Nysa les gronde ; enivrés du ciel clair,
Leur rire de cristal s’éparpille dans l’air...
La maison du matin rit au bord de la mer.



V. — AMPHISE ET MIÎLITTA



Assis au bord du lac, où baignent leurs pieds nus,
Amphise et Melitta, depuis qu’ils sont venus,
Immobiles, les doigts unis, les lèvres closes,
S’enivrent du beau soir d’or limpide et de roses,
Et remplissent leur âme à la splendeur qui sort
Des grands monts violets reflétés dans l’eau d’or !
Le calme est infini... D’une insensible haleine,
La brise à leurs pieds roule une eau ridée à peine,
Et les cygnes, au long des jardins d’orangers.
Voguent, lourds de paresse et de parfums chargés.
Jamais comme ce soir, et sans rien qui l’altère,
Amphise n’a goûté la douceur de la terre.
— O Melitta !... dit-il, et laissant à dessein
Son front lourd attardé sur la tiédeur du sein
Il écoute — si doux au fond du soir qui sombre —
Le bruit divin du cœur qui bat pour lui dans l’ombre.
— Prends mon âme à ma bouche, ami ! dit Melitta.
— Prends mes yeux ! dit Amphise ; et, depuis qu’ils sont là,
La nuit bleue a noyé le lac et les campagnes ;
Et la lune se lève au-dessus des montagnes...



VI. — LA SAGESSE



Polybe, le vieillard aux secrets merveilleux,
Que cent ans de sagesse ont fait semblable aux dieux,