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assez considérable » ; puis, plus loin : « Les avantages que retirerait le gouvernement de l’introduction d’une navigation maritime sur la Seine seraient : un accroissement considérable dans le nombre des marins ; de grandes facilités pour exécuter tous les transports ; la conservation des routes broyées par le roulage ; la multiplication des ateliers et des ouvriers de la marine ; une extension considérable du commerce et des manufactures de l’intérieur ; enfin, un élan des capitalistes éloignés de la mer, qui les porterait peut-être à prendre plus d’intérêt aux expéditions maritimes et particulièrement aux grandes pêches.

« Quant au commerce, il gagnerait, à l’introduction d’une navigation maritime sur la Seine, d’être dispensé de reverser les marchandises au Havre sur une allège, à Rouen sur un bateau plat ; de ne plus être astreint à mettre les boissons en double fût parce qu’elles seraient embarquées dans une cale fermée ; de ne plus éprouver de dilapidations de coulage et d’avaries à chaque reversement ; de ne plus payer une ou deux commissions au Havre et à Rouen, d’être servi beaucoup plus tôt, etc. »

A l’heure actuelle, ces conclusions pourraient être presque textuellement répétées, avec la différence que, depuis cent ans, le commerce et les relations internationales ayant plus que décuplé, l’urgence de l’amélioration de la Seine n’en est que plus manifeste.

A la fin du siècle dernier, la question de faire arriver les navires à Paris était d’ailleurs tout à fait à l’ordre du jour. Mercier, en 1781, dans son Tableau de Paris, réclame cette solution comme devant donner au commerce de la France la plus vive des impulsions. « L’opulence de la capitale, sa population, l’activité de ses habitans, tout garantirait les fonds, les matelots et le succès. » — « il ne faudrait, ajoute-t-il, que creuser le lit de la Seine, pour qu’elle fût navigable. » — L’ingénieur Passement, à la même date, présente au ministre un projet consistant, non à creuser le lit de la Seine, mais à surélever les eaux de six pieds au moyen de barrages. Tous les ponts jusqu’à Poissy, qui devait être le port terminus, auraient été munis d’une travée mobile. Dans ces conditions, les caboteurs ayant un tirant d’eau de huit pieds auraient pu arriver à quatre lieues de Paris.

Cette solution, considérée tout d’abord comme acceptable, fut rejetée sur l’avis de Perronnet, déclarant qu’il fallait pour les navires une profondeur de 18 pieds, et qu’elle ne pouvait être