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projet en considération, admettant, d’une façon générale, la transformation des ponts, mais il demanda quelques modifications au tracé, surtout aux approches de Rouen.

Si, plus tard, une discussion portant sur le côté financier du projet en entraîna le rejet, c’est que le devis des travaux, refait par les ingénieurs, ne s’élevait qu’à 42 millions, et que le demandeur en concession, M. Festugières, exigeait de l’État, soit comme garantie d’intérêt, soit comme subvention, une somme presque triple. La guerre de Crimée, comme autrefois celles de la Révolution, empêcha les financiers de modifier leurs exigences.

Après M. Guibert qui voulait quand même faire remonter des caboteurs jusqu’à Paris, le deuxième Empire fut témoin de la tentative d’un capitaine au long cours, M. Le Barazer, qui fit quelque bruit par suite des discussions qu’elle amena avec le service de la douane de Rouen. À cette époque, l’habitude, pour employer le terme technique, était de dédouaner dans ce port, de sorte qu’à son retour d’un voyage dans la Plata, au lieu de porter directement à Paris son chargement, qui consistait principalement en cornes de bœuf, M. Le Barazer fut contraint de le décharger sur les quais de Rouen, de payer les droits de ce port, les frais de débarquement, de pesage et de réembarquement, etc., et de subir de ce chef une dépense et un retard qui dévorèrent les profits de son voyage. Il réclama hautement, comparut même devant le conseil général des Ponts et Chaussées, qui fut d’avis qu’il y avait lieu de consulter à ce sujet les chambres de commerce du Havre et de Rouen, solution équivalant à la mise au panier de la réclamation ; mais, sur un ordre de l’Empereur, un bureau de douane fut établi à Paris : il était demandé depuis vingt-six ans.

Dans un voyage ultérieur, le navire de M. Le Barazer se perdit, et après une nouvelle tentative faite par deux armateurs de Bordeaux, MM. Germain et Desbats, il fut reconnu qu’il était impossible d’utiliser la Seine, telle qu’elle était, pour la navigation de petits navires de mer.

Arrivons aux propositions qui ont été faites depuis 1870. La première est due à M. Krantz ; elle parut après l’invasion, au moment où nous venions de subir l’humiliation et les déchiremens d’une guerre civile. Nos ressources devaient alors être réservées à un vainqueur exigeant ; M. Krantz déclara, toutefois, qu’il était urgent d’améliorer le fleuve ; il avoua que les travaux faits dans ce sens n’avaient pas toujours été heureux, et que « quelque