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jauge peut porter 1 500 tonneaux de chargement, ce qui accroît encore l’énorme différence des chiffres ci-dessus.

Nous avons enfin la voie ferrée, dont le tarif moyen est d’environ 7 centimes, mais qui dans un cas spécial peut être abaissé à 3 centimes. En l’appliquant au transport de 1 000 tonneaux, sur une distance de 136 kilomètres, on a 4 080 francs qui doivent être aussi majorés de 750 francs pour le chargement sur wagons, soit 4 830 francs. Nous avons donc en présence trois chiffres : 370 francs, 3 473 francs et 4 080 francs, qui représentent les prix du transport de 1 000 tonneaux par les trois modes, navire, batellerie, chemin de fer.

Quant à la durée du trajet, on peut dire qu’elle serait d’un jour par navire, de deux ou trois jours par la batellerie et d’autant par la voie ferrée, différences qui n’ont pas grande importance.

Il ressort de là : 1° que la batellerie doit faire avantageusement concurrence à la voie ferrée. L’effet s’est produit entre Rouen et Paris ; le chemin de fer, d’après un rapport officiel, ayant perdu les quatre cinquièmes de son ancien trafic ; 2° que le navire doit à son tour prendre la place des chalands, autre résultat que l’on a pu constater entre le Havre et Rouen, malgré la création du canal de Tancarville.

Une autre conclusion, qui peut être tirée du prix du transport sur la Seine entre Rouen et Paris par la batellerie et par le navire, c’est que ce dernier pourrait être taxé à une somme importante par chaque tonneau embarqué, avant que le chaland ait sur lui un avantage.

Le désir qu’ont les négocians parisiens de faire eux-mêmes leurs affaires peut également être analysé.

Les factures que nous avons sous les yeux portent comme dépenses inhérentes à un déchargement de marchandises à Rouen : timbre, connaissement et port de lettres, permis de douane, plomb de douane, droit de statistique, échantillon du chimiste, acquit de douane, gardiennage, location de prélarts, tonnellerie, réparations, lettre de voiture fluviale, police du timbre. Notons qu’il s’agit ici d’envois directs, ne comprenant ni le courtage, qui est de 50 centimes par tonneau, ni le déchet provenant de la mise à terre, déchet que le négociant ne peut constater qu’à l’arrivée[1]. Nous n’avons pas mentionné non plus les droits du port de

  1. En ce qui concerne la houille, M. Krantz admet, avec tous les négocians, qu’un transbordement diminue sa valeur de 2 francs.