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II

Les combinaisons du fer sont assez répandues dans le sol et dans les eaux pour qu’on ne doive pas s’étonner de les retrouver dans les diverses parties des plantes, et spécialement dans les parties vertes. Leur présence habituelle n’autorise pourtant pas à conclure que ce métal soit nécessaire à l’entretien et au développement de la vie végétale. Certains matériaux manifestement indifférens, étrangers ou même nuisibles, pourvu qu’ils existent abondamment dans un terrain, peuvent être absorbés par les racines, entraînés par le mouvement de la sève jusqu’à l’extrémité des feuilles et se fixer dans divers organes. C’est ce qui arrive pour le cuivre dans les circonstances exceptionnelles où ses composés saturent le sol ; et, si cette condition se reproduisait dans des contrées étendues, on pourrait être amené, en se fondant sur la seule analyse des productions végétales, à la fausse conclusion qu’il s’agit d’un élément constituant, c’est-à-dire nécessaire. Mais il ne faut pas se fonder sur la seule analyse pour juger de la valeur ou du rôle d’un élément, et cet exemple suffit bien à le montrer. Il faut des épreuves directes, des essais méthodiques et comparatifs de culture dans des milieux artificiellement privés ou pourvus de l’élément dont on veut apprécier le rôle et l’importance. C’est ainsi que l’on a procédé pour les combinaisons du fer ; et c’est ainsi que l’on a réussi à faire apparaître l’utilité de ce métal, surtout chez les végétaux supérieurs.

L’absence de fer dans le milieu nutritif entraîne l’étiolement de la plante. Si l’on fait développer des graines dans une solution d’où l’on a eu soin d’exclure ce métal, le développement suit son cours régulier tant que la jeune plante n’est pas sortie de la période de germination proprement dite pendant laquelle elle n’a rien à tirer du sol. La tige s’élève, les premières feuilles se forment, comme à l’ordinaire. Mais toutes ces parties sont destinées à rester pâles, et la matière verte, la granulation de chlorophylle, n’y apparaîtra pas. Il suffit alors d’ajouter au milieu dans lequel plongent les racines une petite quantité de sel de fer, on simplement d’en étendre une solution très diluée sur les feuilles et la tige pour voir la plante chlorotique revenir à la santé et prendre sa coloration normale. Des expériences de ce genre manifestent bien la nécessité du fer pour les plantes vertes ; elles montrent en