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si conformes à leur esprit, aux limites de chaque industrie : sous le nom de Centralverband deutscher Industrieller zur Befoerderung und Wahrung nationaler Arbeit (Groupement central des industriels allemands pour le développement et la protection du travail national) se sont réunis un grand nombre de filateurs et de métallurgistes, dont l’influence avait été longtemps prédominante, notamment sous le ministère Bismarck, et dont les tendances sont beaucoup plus nettement protectionnistes que celles d’autres industriels. Ce Centralverband, dirigé par le député Bueck, et auquel ont adhéré des banques puissantes, comme la Disconto Gesellschaft de Berlin, jouit d’une influence d’autant plus grande qu’il a inscrit sur son programme une élévation des droits d’entrée sur les céréales. Il pourra jouer un rôle important quand se posera la question du renouvellement des traités de commerce, vitale pour nombre des industries ainsi groupées.

Ces diverses organisations ont permis d’établir des statistiques d’une précision impossible à obtenir auparavant : le bureau central de chaque industrie connaît la plus petite fabrique de sa spécialité et reçoit d’elle tous les détails de son exploitation. Les résultats sont souvent publiés sans que les chiffres soient accompagnés de la désignation des sociétés ou des particuliers de qui ils émanent, si bien que personne n’est exposé aux inconvéniens qui pourraient résulter d’une publication relative à ses affaires. D’autre part, la corporation fait surveiller toutes les fabriques, afin d’y diminuer le plus possible les chances d’accidens et de prescrire les installations les meilleures à ce point de vue. Ses règlemens, d’une sévérité draconienne, sont acceptés librement par les intéressés, puisque c’est eux-mêmes qui, par l’organe de leurs délégués, se les imposent. L’un d’eux me faisait observer que, si des prescriptions aussi rigoureuses étaient édictées par le gouvernement, personne ne s’y soumettrait avec la même facilité.

Grâce à cette coexistence d’un double organisme, nous avons des statistiques de deux ordres différens qui donnent des informations également intéressantes. Voici d’abord la Corporation professionnelle de l’industrie chimique (Berufsgenossenschaft der chemischen Industrie) qui, dans son rapport sur l’année 1896, indique qu’elle a assuré 125 000 personnes, soit 8 pour 100 de plus que l’année précédente. Le fonds de réserve, composé de valeurs de premier ordre, ayant dépassé 3 800 000 marks, il n’y aura plus lieu, jusqu’à nouvel ordre, d’y ajouter 10 pour 100 du montant