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ont réussi à doter leur pays d’une industrie vigoureuse. Imitons-les. Nous montrions tout à l’heure, en parlant des industries chimique et métallurgique, combien la France aurait tort de se décourager et à combien peu d’années en arrière il suffit de remonter pour évoquer le souvenir d’une époque où l’avantage n’était pas du côté de l’Allemagne. Que cette démonstration serait encore plus aisée à faire pour l’industrie électrique, née en Amérique et en France, et dans laquelle notre lenteur à agir a seule laissé les Allemands prendre l’avance que nous avons signalée ! A l’époque où Edison faisait connaître la lampe à vide, c’est-à-dire la lumière électrique par incandescence, Fontaine et Marcel Deprez, dans des expériences célèbres, démontraient chez nous la possibilité de transporter la force à distance au moyen de l’électricité. De petites villes, telles que Valréas, Dieulefit, Bourganeuf, Bellegarde, furent les premières, vers 1883, à installer chez elles la lumière électrique et ne furent suivies que quelques années plus tard par Rouen, Lyon et Paris. 403 villes aujourd’hui possèdent en France des stations centrales avec 52 000 chevaux de force. Le capital de ces entreprises est d’environ 200 millions de francs. Deux causes ont empêché nos progrès d’être plus rapides : la rareté, sauf en certains points de notre territoire, de forces naturelles telles que les chutes d’eau, et la puissance des compagnies gazières, investies, dans beaucoup de nos cités, d’un monopole s’appliquant à tous les modes de lumière ou consistant dans le privilège d’employer les voies publiques à leur canalisation. La traction électrique, qui jusque dans les derniers temps ne semblait guère progresser et ne comptait en France, au commencement de 1897, que 306 kilomètres de tramways, répartis en trente lignes différentes, est entrée enfin dans une phase plus active. Deux puissantes compagnies consacrent leur activité à créer de nouvelles lignes et à remplacer, sur d’anciennes lignes, la traction animale par la traction mécanique.

Nous avons chez nous, sans parler de l’enseignement qui se donne dans nos écoles spéciales et nos facultés, un établissement capable de nous préparer les jeunes ingénieurs dont nous avons besoin. Quelque temps après l’Exposition de 1881, un laboratoire d’application d’électricité avait été institué à Paris avec le reliquat des fonds provenant de ladite exposition. Vers 1893, on y annexa une école supérieure, à laquelle sont admis de droit les