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Le peuple grec
Esquisse psychologique


Les découvertes récentes de l’archéologie et de l’ethnographie ont modifié, sur des points importans, les anciennes idées relatives à la Grèce. Quelles furent les origines et la nature de l’esprit hellénique, tel qu’il s’est révélé dans les arts, les sciences, la philosophie et la religion ? Les Grecs de nos jours sont-ils les descendans des contemporains de Léonidas et de Miltiade ? Et si cette filiation est contestée, sont-ils néanmoins les héritiers, pour une notable part, des qualités et des défauts de leurs devanciers ? Quoi qu’en ait pu dire un jour Ernest Renan, rêvant sur l’Acropole, il n’y a point eu de « miracle grec » : dans l’histoire des peuples, une fois qu’on a fait la part des races, des milieux, des individualités, tout s’explique par des lois de psychologie et de sociologie qui sont toujours en action ; et c’est pourquoi la bonne ou la mauvaise fortune des uns a toujours pu servir de leçon aux autres.


I

Les destinées de la Grèce ont eu, selon nous, deux causes principales ; l’une est l’heureux mélange de deux races supérieures, l’autre est la position privilégiée de la Grèce en un point où devaient forcément se rencontrer et se mélanger les civilisations européennes, asiatiques et égyptiennes, si bien que la Grèce, l’Archipel et la côte d’Asie Mineure ont profité de tout l’effort intellectuel déjà accumulé par diverses races. Quant au beau ciel de la Grèce, il n’a pas nui sans doute, mais la mer et les îles