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immédiate, c’est-à-dire chercher la nature de la combinaison dans laquelle les principes précédens sont engagés.

Boussingault s’y est employé avec ardeur et, à sa suite, par des procédés plus précis que ceux dont il a fait usage il y a quarante ans, nous distinguons : l’azote de l’humus, bien souvent inerte, de celui qui fait partie intégrante des nitrates, ou du carbonate d’ammoniaque. Cette recherche même ne conduit pas encore à des conclusions solides ; en effet, les nitrates sont essentiellement solubles dans l’eau, ils disparaissent après les pluies ; si on prélève pour l’analyse un échantillon d’une terre lavée par de nombreuses averses, on ne trouvera pas de nitrates, tandis qu’à un autre moment, la même terre en accusera de notables quantités.

Nous avons indiqué ici même, et nous y reviendrons, que les nitrates sont produits dans le sol par une fermentation qui sera d’autant plus active, que les conditions d’humidité, de température, d’aération seront plus favorables ; la quantité de nitrates contenue dans une terre variera, non seulement avec ces conditions, mais aussi avec les lavages que le sol aura subis. Ce n’est donc pas par un dosage isolé qu’on arrive à connaître l’aptitude d’une terre à former des nitrates, mais bien par une série de recherches continuées pendant plusieurs mois.

Hâtons-nous d’ajouter que l’impuissance de l’analyse n’est complète que lorsqu’elle porte sur les matières azotées ; quand elle s’adresse aux phosphates, ses indications sont plus efficaces.

Pour comprendre comment l’analyse doit être conduite, il faut savoir d’abord que les phosphates se présentent sous les aspects les plus variés. Rien n’est plus facile que de le montrer. Le phosphate de chaux, désigné sous le nom d’apatite, est une pierre dure, compacte, complètement insoluble dans l’eau. Elle se dissout, au contraire, dans les acides énergiques, comme l’acide chlorhydrique, ou l’acide azotique. Si dans cette dissolution on verse de l’ammoniaque, on voit apparaître un précipité floconneux, gélatineux, qui reste en suspension dans l’eau ; c’est encore du phosphate de chaux cependant, mais on conçoit que, si les racines des végétaux sont presque impuissantes à utiliser le phosphate dur et compact de l’apatite, elles pourront peut-être, malgré son insolubilité, s’emparer du phosphate gélatineux que nous venons de précipiter.

Nous n’en sommes pas, au reste, réduits sur ce sujet à de