Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 147.djvu/664

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constitutifs du sol : sable, argile, calcaire et humus ; or, chacun de ces éléments exerce, sur la circulation régulière de l’eau et de l’air, indispensable au développement régulier des végétaux, une action spéciale qu’il importe de définir.

Les petites particules de sable restent toujours indépendantes les unes des autres ; elles sont incapables de se lier en une boue imperméable ; l’air circule aisément dans les interstices qu’elles laissent entre elles ; les combustions sont actives dans les sols sablonneux qui, suivant l’expression énergique des praticiens, dévorent les engrais ; les fumures organiques fréquentes y sont nécessaires. Cette incapacité des molécules de sable de former des masses continues et résistantes les rend mobiles ; la pluie les affouille, lèvent les entraîne ; il a fallu planter les dunes pour arrêter leur marche envahissante.

L’eau filtre au travers du sable sans s’y arrêter, la faible quantité de liquide qui adhère à chacune des particules n’est que faiblement retenue, elle s’écoule ou s’évapore, la dessiccation est rapide et complète. Aussi le sable s’échauffe-t-il rapidement sous l’influence des radiations solaires ; les terres très chargées de sable sont sèches et brûlantes ; quand elles ne sont pas arrosées, toute végétation disparaît : c’est le désert, qui se convertit comme par enchantement en vertes oasis, aussitôt que l’eau arrive : soit qu’elle descende des montagnes, comme à Biskra ; soit que l’industrie humaine la fasse surgir des profondeurs, comme dans l’Oued-Rir.

Les propriétés de l’argile sont absolument opposées à celles du sable, ses molécules se soudent facilement les unes aux autres et forment une boue plastique et imperméable retenant une grande quantité d’eau ; aussi les terres très chargées d’argile sont-elles froides. L’eau, en effet, ne s’échauffe que lentement ; les physiciens désignent cette propriété par une expression très heureuse et qui fait image : ils disent que l’eau a une grande capacité calorifique, la chaleur s’y accumule, s’y engloutit en quelque sorte. On conçoit par suite que les terres argileuses, naturellement humides, ne s’échauffent pas comme les terres sablonneuses, où l’eau ne séjourne pas. Au moment où, lentement, elle se dessèche, l’argile éprouve un retrait considérable, les terres argileuses se fendillent pendant les sécheresses, et les racines emprisonnées dans ces masses compactes se brisent au moment où les fentes se produisent ; les terres argileuses sont discontinues.