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votre bonheur que je les ai formés… Il n’est pas un de nous, mes dignes compagnons, que les crimes et les désordres de la Révolution n’aient pénétré d’horreur…

« La preuve la plus évidente et la plus utile que vous puissiez donner de vos sentimens… est votre union actuelle autour d’un chef commissionné au nom du Roi par les Princes, frères de Sa Majesté.

« En rendant à l’Eglise ses véritables pasteurs, en protégeant l’influence et la dignité de votre culte bénit, en protégeant les individus et les propriétés contre tous les genres de brigandage, vous hâterez le retour de la constitution bretonne…

« Pour moi, mes braves amis, se trouve un moment de gloire dans ma vie : c’est celui où, confondant mes principes, mon honneur, mes espérances et mes dangers avec les vôtres, je promets, en votre nom et au mien, à mon Dieu, à ma patrie et à mon Roi, de le servir aux dépens de ma fortune et de ma vie.

« Jurons tous de nous dévouer, sans réserve, à une si noble cause et que nos amis et nos ennemis sachent enfin que dans la faible partie de la France que nous habitons, il y a une force irrésistible, composée d’hommes dignes de l’honneur du monde entier !… »

Nous ignorons quelle impression produisit cette harangue sur les conjurés réunis autour de l’ardent orateur, mais il paraît bien certain qu’à ce moment tous les assistans se levèrent, toutes les mains se tendirent, et que les cris : Nous le jurons ! accueillirent ces entraînantes paroles. La Houerie reprit alors d’un ton plus calme :

— « Je vous rappelle, mes chers concitoyens, que s’il se présente des occasions où votre courage sera la base de nos succès, votre humanité, votre sagesse et votre subordination le remplaceront souvent avec fruit, accéléreront autant et souvent plus que lui la fin glorieuse de nos travaux.

«… Ceux de vous qui êtes fortunés avez fait des avances, même des sacrifices pécuniaires : les autres se sont également dévoués en donnant tous leurs moyens. Il a été nécessaire de fournir à vos besoins et de le faire de manière à ce que vous ayez tous les mêmes avantages. A cet égard, nous pensons que la somme de vingt sols par jour serait suffisante pour les vivres et les nécessités de chacun de vous… »

La Rouerie termina son discours par quelques conseils de