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été suivies de descentes à peu près équivalentes. La ligne de faîte qu’il s’agissait maintenant de traverser était celle des monts Alaï, qui encadrent le Ferganah de deux côtés, au sud et à l’est. Il ne faut pas les confondre avec les monts Altaï, plus connus, mais bien moins élevés, qui, à deux mille kilomètres plus au nord-est, s’étendent sur les frontières de la Sibérie et de la Chine. Si l’on considère l’énorme masse montagneuse formée par le Pamir, qui constitue, au centre de l’Asie, une sorte de citadelle où viennent se rattacher les grandes lignes orographiques du vieux continent, on voit que le bord septentrional du Pamir proprement dit est comme limité par un gigantesque fossé. C’est la vallée d’Alaï. Au fond de cette large tranchée, dirigée de l’est à l’ouest, coulent, d’un côté, vers l’Occident, le Sourk-Ab, l’une des têtes principales de l’Oxus, et, en sens inverse, du côté de l’Orient, le Kizil-Sou, source la plus occidentale du Tarim, le grand fleuve qui se perd dans le Lob-Nor.

Le bord septentrional du Pamir proprement dit, au sud de cette grande coupure, est formé par une falaise dont la crête comprend en même temps les points culminans de tout le massif. C’est la chaîne à laquelle les géographes européens ont donné le nom de Transalaï. Son sommet le plus haut, dont l’altitude est évaluée à 23 000 pieds, d’une façon approximative, car on n’en a jamais fait l’ascension, a reçu des Russes le nom de Pic Kauffmann, en souvenir du conquérant de la plus grande partie de Turkestan, qui en fut ensuite pendant vingt ans l’administrateur éminent. Un second sommet, presque aussi élevé, le Kizil-Aguine, haut de 21 000 pieds, se trouve un peu plus à l’est. Enfin, au-delà de celui-ci, du côté de l’Orient, sur le territoire chinois, un énorme massif montagneux, plus considérable encore que les deux précédens, et dont la hauteur n’est pas connue, termine cette colossale fortification naturelle et domine la plaine de la Kachgarie, comme une sorte de belvédère. C’est le Mouz-Tagh-Taou (la montagne des montagnes neigeuses).

Au nord de la vallée d’Alaï se trouve une autre chaîne, dont les points culminans sont moins hauts que ceux du Transalaï, mais dont la crête atteint à peu près la même altitude moyenne : ce sont les monts Alaï. La ligne de faîte, dont le tracé est assez compliqué, court d’abord de l’Ouest à l’Est, en formant, au sud du Ferganah, une barrière qui sépare les bassins supérieurs de l’Oxus et de l’Iaxartes ; puis, décrivant une courbe, l’axe de la chaîne se