Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/702

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reste pas moins très caractéristique. Les propriétés chimiques du nouveau corps lui sont d’ailleurs particulières : il est moins inactif que l’argon : il est fixé par les électrodes d’aluminium.

La seconde partie du gaz qui passe à la distillation n’est pas encore de l’argon pur. L’argon tout à fait pur est un fantôme insaisissable, qui abandonne successivement, aux mains de ceux qui le poursuivent, toutes ses richesses. MM. Ramsay et Travers en ont encore retiré le krypton — non pas précisément dans cette opération fructueuse qui vient de fournir le métargon et le néon, mais dans une opération antérieure qui consistait à distiller l’air liquide. Le krypton est le plus lourd des élémens de l’air : il balance la légèreté du néon. On ne semble l’avoir obtenu que très impur ; on a pu constater cependant les particularités de son spectre et son analogie avec celui de la lumière zodiacale.

Voici donc au total quatre corps simples que l’on a décelés dans cet azote atmosphérique, qu’il y a quatre ans à peine les chimistes confondaient encore avec l’azote pur. On en est là. Est-on au bout ? Ce n’est pas probable ; en tous cas ce n’est pas sûr. Après Rayleigh et Ramsay, voici les chimistes français MM. Moissan et Deslandres qui tirent encore un nouveau corps de cette source inépuisable. L’air, et non pas seulement l’air souillé au contact du sol, mais l’air pur des sommets, est un véritable capharnaüm : il est le réceptacle de tous les gaz originels que leur paresse chimique a empêchés, au cours du refroidissement du globe, de s’unir aux matériaux de l’écorce.


A. DASTRE.