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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE CORRESPONDANCE DE THOMAS CARLYLE

Unpublished Letters of Carlyle, dans les livraisons de septembre, octobre, novembre et décembre 1898 de l’Atlantic Monthly.

Le 13 novembre 1897, est morte à Toronto, dans le Canada, une vieille femme de quatre-vingt-quatre ans, Mrs Robert Hanning, veuve d’un paysan écossais qui avait émigré en 1841, après avoir vainement tenté la fortune dans son pays, et qui avait fini par trouver un petit emploi dans les chemins de fer du Great Western canadien. Mrs Hanning était une excellente personne, très pieuse et très attachée à ses devoirs. Mais elle était toujours restée, elle aussi, une paysanne : ignorante et illettrée, à peine si elle savait tenir une plume. Elle aimait cependant à rappeler qu’elle avait, en 1865, reçu la visite d’un fameux écrivain américain, Ralph Waldo Emerson. Il était venu la voir dans la petite ville où elle demeurait, l’avait questionnée avec beaucoup d’égards sur son mari et ses enfans, et, avant de partir, il l’avait priée de s’asseoir devant la fenêtre, afin qu’il pût la regarder en pleine lumière. « Ah ! s’était-il écrié avec émotion, voilà donc comment est faite la petite sœur de Thomas Carlyle ! »

La vieille dame était, en effet, la sœur de Carlyle. Elle était la dernière des neuf enfans qu’avait eus, de son second mariage, James Carlyle le maçon, et dont l’aîné était l’auteur de la Révolution française et de Sartor Resartus. Et si elle-même n’était guère en état d’écrire des lettres à son frère, elle avait du moins religieusement gardé toutes celles que, durant cinquante ans, elle avait reçues de lui, ainsi que