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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.


Les Chambres se sont réunies le second mardi de janvier, date fixée par la Constitution : c’était, cette année, le 10 du mois. La Chambre des députés a employé sa première séance à réélire intégralement son bureau, et le Sénat à fixer la date de sa séance ultérieure. La Chambre a applaudi le discours très patriotique de son doyen d’âge, M. Boysset, et le Sénat n’a pas moins applaudi celui de son doyen d’âge, M. Wallon, qui a pris la défense de la Constitution de 1875, dont il est le père. Cette constitution est aujourd’hui l’objet de bien des critiques. M. Wallon estime qu’on fait retomber injustement sur sa tête les péchés de tout le monde : elle reste pour lui un instrument que de très mauvais musiciens accusent de toutes leurs fausses notes, et nous ne disons pas qui ait tort. Mais cette question, quelque importante qu’elle soit, ou qu’elle doive prochainement le devenir, n’est pas celle qui, dans le moment troublé où nous sommes, sollicite nos principales préoccupations. À chaque jour suffit sa peine : celle du jour actuel est, hélas ! assez lourde. Pour en revenir à la Chambre des députés, et en finir avec ce que nous avons pour le moment à en dire, elle a réélu comme président M. Paul Deschanel à une majorité considérable, écrasante même. La candidature concurrente de M. Henri Brisson, qui avait paru sérieuse la veille encore, n’a réuni que 187 voix, contre 323 qui ont été données à M. Deschanel. Cela tient, assurément, à des causes diverses. Le récent ministère de M. Brisson n’a pas laissé de bons souvenirs, et les explications qu’il a données depuis sur certains incidens de ce ministère, par exemple sur les circonstances dans lesquelles il a pris connaissance, au ministère de la Guerre, d’un dossier qui est resté secret pour lui, ont jeté dans les esprits quelque confusion. D’autre part, M. Paul Deschanel avait montré, à l’épreuve même, qu’il était un bon président. M. Brisson avait donc perdu de ses avantages, et M. Deschanel avait gagné ce que M. Brisson avait perdu. Il n’en reste pas moins vrai que deux partis étaient en présence, le parti progressiste et le parti radical, et que la Chambre