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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 151.djvu/71

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chaque attentat contre des missionnaires, on trouve la main de lettrés, mandarins en place ou en expectative. La grande autorité de ces hommes, dont les opinions règlent celles de tous, qui sont les dépositaires de la science et de la sagesse, et qui professent pour la civilisation de l’Occident le plus profond mépris, est bien ce qui empêche tout progrès dans le Céleste Empire.


IV

Les étrangers qui veulent résider en Chine sont actuellement, à l’exception des missionnaires, parqués dans vingt-cinq ports dits ports ouverts ; il faut y joindre six villes, ou lieux de marché, situées sur les frontières de l’Indo-Chine et assimilées aux ports ouverts, mais n’ayant actuellement qu’un trafic des plus restreints[1]. Dans chacun de ces ports, un certain espace de terrain a été loué à bail emphytéotique ou même vendu à diverses puissances, à l’Angleterre, la France, aux États-Unis ; durant ces dernières années, l’Allemagne a aussi acquis des « concessions » en divers ports, notamment à Tien-tsin, ainsi que le Japon. Bien que faisant théoriquement partie du territoire chinois, ces concessions sont soustraites à toute ingérence des autorités indigènes et forment des sortes de petites républiques administrées par les Européens, qui y vivent sous l’autorité de leurs consuls, lesquels détiennent à la fois le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. C’est là,

  1. Voici la liste des ports ouverts ou ports de traité. Au nord de l’embouchure du Fleuve Bleu, Newchwang, Tien-tsin, Tchefou (Chefoo) ; tout près de l’embouchure du fleuve, Shanghaï et son annexe Woosung. —Sur le Yang-tsé-Kiang même, Tchin-Kiang, Nankin, Ouhou (Wuhu), Kioukiang, Shashi, Hankéou (Hankow), Itchang, Tchoung-King (Chung-King), soit huit échelles fluviales, dont l’une, Nankin, n’est pas ouverte en fait, quoiqu’elle soit mentionnée dans le traité français de Tien-tsin. — Non loin de Shanghaï, Sou-tchéou sur les canaux de l’intérieur. — Sur la côte, au sud du fleuve Bleu, Hang-Tchéou (Hangchow), Ningpo, Ouen-tchéou (Wenchow), Fou-Tchéou (Foochow), Amoy, Swatéou (Swatow). — À l’embouchure de la rivière de l’Ouest, Canton et, en amont, sur cette rivière, Samshui et Ou-tchéou (Wuchow). — Sur le golfe du Tonkin. Pakhoï, et dans l’île de Haïnan, Hoï-hao. Les villes ouvertes sur la frontière d’Indo-Chine sont : Long-Tchéou, Moung-tsé, Hokéou, Semao, Tchoun-ning-fou ; une sixième, Tong-hing, n’est pas encore occupée. Les ports ouverts n’étaient au nombre que de 5, d’après le traité de Nankin en 1842, le traité de Tien-tsin en porta le nombre à 19 : d’autres furent encore ouverts par le traité de Shimonosaki, en 1895, et la convention avec l’Angleterre, en 1897. Un traité plus récent avec cette puissance (1898) promet, sans déterminer de date, l’ouverture de trois nouveaux ports : Kin-tchéou en Mandchourie, Fou-ning dans le Fokien. Yo-tchéou dans le Hou-nan.