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[1]. » M. Combes se flattait hautement de rester, au pouvoir, un maçon militant[2]. M. Guieysse présidait avec M. Mesureur la distribution des prix des cours commerciaux du Grand Orient; ils étaient présentés à l’assistance par M. Lucipia lui-même, comme des « maçons soucieux de leurs engagemens; » et M. Guieysse répondait, avec l’autorité d’un homme d’Etat et la gravité d’un homme d’Eglise : « C’est dans la maçonnerie que j’ai trouvé la plus haute expression de la règle qui doit guider les hommes dans la vie[3]. » MM. Bourgeois et Doumer se faisaient présenter, à Lyon, cent vingt délégués des loges ; M. Alfred Faure, député radical du Rhône, interprète de ce cortège, témoignait aux deux ministres avec quel « orgueil de famille » les maçons saluaient, dans le Cabinet, « les plus illustres d’entre leurs frères ;» et, priant M. Bourgeois de compter sur leur « action politique, » sur leur « concours le plus généreux, » il sollicitait, en finissant, les palmes académiques pour le doyen de la maçonnerie lyonnaise; alors, « au milieu de l’émotion générale, » MM. Bourgeois et Doumer[4], « instantanément, » exauçaient cette demande, et, « séance tenante, » ce « doyen d’une espèce rare » était décoré. La maçonnerie des départemens, partout, s’abandonnait à l’enthousiasme ; la loge de Bar-le-Duc constatait avec fierté que le programme du cabinet Bourgeois était identique au programme d’action politique voté à Épinal en 1893 et à Mâcon en 1894 par les congrès des Loges de l’Est[5] ; et la Revue maçonnique, organe de l’ « écossisme, » coupable de certaines réserves à l’endroit de M. Bourgeois[6], eut à subir le désabonnement officiel, de plusieurs loges, formellement approuvées par le Grand Orient[7].

Par surcroît, la maçonnerie, inlassable en sa victoire, se piquait d’avoir capté la plus haute magistrature de l’Etat. Elle avait, au congrès de 1895, appuyé de ses vœux et de ses votes la candidature de M. Brisson à la présidence de la République : M. Brisson avait échoué, et, trois ans après, avec une amertume étrangement tenace, M. Desmons, dans un discours public, déplorait

  1. Revue maçonnique, 1896, p. 3-5.
  2. C. R. G. O., mai-juin 1897, p. 5.
  3. B. G. O., fév. 1896, p. 534-535.
  4. B. G. O., janv. 1896, p. 491-494. — « Lyon est en train de devenir quelque chose comme la Mecque de la maçonnerie, » disaient les Débats du 3 mars 1896.
  5. B. G. O., décemb. 1895, p. 469.
  6. Rev. maç., 1896, p. 97-101.
  7. Rev. maç., 1896, p. 101-404. — C. R. G. O., nov. 1896-janv. 1897, p. 12-13.