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propre est la mise en valeur de notre domaine colonial. Les forces, tant de terre que de mer, qui peuvent lui être nécessaires pour cet objet lui seront prêtées par les ministres compétens. Les gouverneurs, qui ont à employer ces forces militaires, demeurent responsables de la garde des territoires dépendant de leur administration, dans les conditions définies par les décrets de 1886 et de 1890. Le chef militaire, lui, reste seul juge des moyens à employer, après entente avec le gouverneur, de manière que l’action militaire reste intimement liée à l’action politique. Les dépenses de toute nature des troupes employées aux colonies ne peuvent incomber qu’au budget du ministère des Colonies; au contraire, les dépenses nécessaires à celles de ces troupes qui restent sur le territoire de la métropole, pour former les recrues et assurer la relève, doivent être imputées à l’un de nos départemens militaires.

Jusqu’ici, nos troupes coloniales dépendent du ministère de la Marine ; cela s’expliquait lorsque ce ministère était chargé des colonies; cela ne peut plus se comprendre depuis la constitution d’un ministère spécial des Colonies. Destinées à combattre à terre, nos troupes coloniales ont l’armement, l’organisation générale et les besoins des troupes de terre: elles n’ont avec la marine de guerre que les relations qu’ont des passagers quelconques avec une entreprise quelconque de transports par mer. Sans doute, les dépôts de nos troupes coloniales sont appelés à prendre part à la défense de nos arsenaux maritimes ; mais ce n’est pas là une raison suffisante pour les rattacher en tout temps à la Marine. Est-ce que l’on songe à passer à ce dernier ministère les troupes de terre qui constituent la majeure partie des garnisons de ces mêmes ports? Nullement, puisque la défense même des frontières maritimes appartient à la Guerre, d’après le décret de 1894.

Remarquons d’ailleurs que la plupart des soldats de l’armée coloniale proviennent de l’armée de terre, et que la totalité des officiers de l’armée coloniale sortent des mêmes écoles que ceux de l’armée de terre. Il semble donc logique de confier au ministre de la Guerre, chargé de toutes les forces de terre de la France, l’organisation, le commandement et l’administration de celles de ces forces spécialement affectées au service colonial.

Ce rattachement à la Guerre, réclamé par plusieurs membres du Parlement, est demandé avec instance par la plupart des officiers