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officiers, qui ont la même origine que ceux appartenant en ce moment à l’artillerie de marine, ont pu poursuivre leurs études techniques plus facilement que ces derniers. Ne l’oublions pas, en effet : nos officiers d’artillerie de marine, appelés à construire des canons dont ils n’ont pas à se servir, et qui arment des navires qu’ils ne connaissent pas, passent la moitié de leur existence à combattre des rois nègres ou à élever des baraquemens aux colonies. Toutes ces prétendues difficultés n’en sont donc pas, et elles pourraient être aisément réglées par un accord à intervenir entre nos deux départemens militaires.

Nous avons la ferme conviction que l’adoption de ces mesures donnerait à la France la véritable armée coloniale que réclame l’orientation présente de sa politique d’expansion.

Les détracteurs du système que nous préconisons trouveront peut-être que les élémens métropolitains sont bien peu nombreux. À cela nous répondrons que ces élémens ne compteront que des volontaires, officiers et hommes, rompus aux fatigues et pas encore anémiés; dans de telles troupes, le nombre des malades sera beaucoup moins élevé qu’il ne l’est avec le système en vigueur; les effectifs français, entretenus dans ces conditions aux colonies, peuvent donc être réduits, et les relèves, qui constituent une nécessité dispendieuse, devenir moins fréquentes.

D’autre part, les élémens indigènes seront augmentés, et les colons constitueront, sur place, une réserve permettant à nos plus importantes colonies de se suffire à peu près à elles-mêmes, tandis que l’organisation actuelle, bonne pour maintenir les naturels dans l’obéissance, ne donne pas les moyens de lutter, avec chances de succès, contre un adversaire européen. Les événemens ont prouvé qu’il n’était que temps de mettre nos colonies en garde contre cette dernière éventualité.


Général ***