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ample collection de renseignemens iconographiques qu’aucun érudit ne pourra toucher aux monumens du XIIIe siècle sans consulter ce répertoire. Les voyageurs artistes qui voudront regarder les cathédrales comme on doit les regarder, trouveront dans ce seul volume tout ce qu’il faut savoir pour comprendre jusqu’en son essence l’art le plus riche de pensée qu’il y ait jamais eu. Enfin ceux qui seraient tentés d’évoquer pour leur propre joie la poésie profonde de ce XIIIe siècle qui a été le grand siècle de notre histoire française, pourront feuilleter dans leurs loisirs un ouvrage d’érudition qui est lui-même une œuvre d’art exquise. L’ordonnance du livre est à elle seule une évocation ; le plan en est calqué sur celui du Speculum majus de Vincent de Beauvais, et nous voyons successivement la cathédrale se refléter dans les quatre miroirs mystiques : le miroir de la nature, le miroir de la science, le miroir moral, le miroir historique. Dans ce cadre grand comme le monde, où l’encyclopédiste du XIIIe siècle avait accumulé des pensées arides comme les feuilles sèches, le nouveau docteur de Sorbonne a rendu la vie aux abstractions mêmes en les animant de toute sa sympathie ardente pour les idées et les œuvres qu’il expliquait : par lui, les symboles semblent prendre corps, et les sculptures proférer des paroles célestes. La littérature des Pères et le travail des artistes se pénètrent si intimement qu’on ne peut plus les séparer. La sérénité même des convictions anciennes semble gagner l’auteur ; il est presque sincère quand, arrêté devant le porche de l’église idéale, en face du grand Christ qui « est la clef de l’énigme de la vie, » il nous montre que, sur le monument, « une réponse à toutes nos questions est écrite. » Et, séduits, nous aussi, par cette foi faite de science et d’amour, nous croyons entendre la leçon d’un clerc savant et disert, qui aurait beaucoup aimé les artistes dont il a vu naître les œuvres, et qui se plairait comme eux à contempler et à créer des formes harmonieuses.


III

Nous avons donc reçu l’initiation, sans laquelle un monument du XIIIe siècle reste un grand mystère, et pour nous, les cathédrales, autour desquelles la Renaissance de l’antiquité et la discipline sans poésie du concile de Trente avaient fait le vide, se trouvent de nouveau baigner dans l’atmosphère de pensée où