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l’éducation en hollande.

moyen de locomotion universel et indiscuté, les professeurs de gymnastique et les maîtres d’escrime ou d’équitation s’apercevront qu’ils étaient mal venus à se plaindre de sa concurrence et qu’elle ne leur prenait de trop rares élèves que pour les leur ramener plus nombreux et plus ardens. Sa plus précieuse conquête au point de vue de l’éducation physique fut celle des pères de famille, des maîtres, de toutes ces excellentes personnes, pesantes et sédentaires, que l’atrophie de leur système musculaire rendait aveugles au besoin éprouvé par la jeunesse d’augmenter sa force en la dépensant. Beaucoup de ceux-là enfourchèrent le cheval d’acier sans plaisir, par quelque motif utilitaire, pour économiser du temps et de l’argent, et le cheval d’acier peu à peu leur fit éprouver cette « soif d’air » qui est une des caractéristiques de l’homme normal. Ils sont, dès lors, moins à leur aise pour jeter l’anathème au foot-ball et se contentent de maugréer contre ses envahissemens.

On maugrée en Hollande comme ailleurs, mais beaucoup plus doucement, parce que la crainte des inconvéniens qui pourraient résulter de certaines exagérations n’empêche pas que les bienfaits du nouveau régime soient reconnus par tous.

Dans les pays où l’État donne l’enseignement secondaire, si l’on veut connaître l’importance et les chances de durée des réformes qui s’opèrent dans les établissemens officiels, il faut consulter l’enseignement libre, non l’enseignement libre laïque pour qui c’est une nécessité de devancer l’État, mais l’enseignement ecclésiastique dont c’est le métier de demeurer en arrière. La raison de cette distinction est simple. L’enseignement libre laïque est toujours chargé de dépenses, et possède, en général, peu de ressources ; il doit payer cher de bons professeurs, et sa clientèle n’est pas très étendue. Pour la maintenir et, si possible, l’accroître, il doit se poser en champion du progrès, innover sans cesse et suivre toutes les fluctuations de la mode. L’enseignement ecclésiastique répond aux instincts d’immobilité de l’opinion conservatrice ; il a de moindres dépenses et des ressources abondantes. Il peut résister aux entraînemens de l’opinion, et on lui sait gré de le faire. Dans l’espèce, il était intéressant de connaître ce que les Jésuites, qui sont à peu près seuls à représenter cet enseignement dans les Pays-Bas, pensent des jeux introduits dans l’éducation par l’initiative de la jeunesse elle-même. Ils possèdent plusieurs collèges. Celui de Katwyck est à la fois le plus important et le