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POÉSIE

HÉLÈNE DE SPARTE


LE BAIN


Le doux fleuve indolent creuse de son eau lasse
Cette anse solitaire où tu viens vers le soir
Regarder longuement dans cette onde qui passe
L’image de ta vie et de ton jeune espoir.

Ton enfance pieuse a paré ta jeunesse
De la fleur qui s’entr’ouvre aux doigts de ton destin ;
Et, que le jour s’achève ou que l’aurore naisse,
Ton heure te sourit, toujours à son matin ;

Et, divin et royal en sa noble stature,
Ton corps est beau deux fois de tes doubles aïeux ;
Et tu mêles en toi, comme les Dioscures,
Le sang clair des héros au sombre sang des dieux.

Tes pieds graves sont faits pour marcher dans la vie
Au son des flûtes d’or et des lyres d’argent,
Et pour fouler aux pas de leur plante polie
L’indestructible marbre et le sable changeant.