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Leur comparaison avec les rhizopodes lobés que l’on connaît sous le nom d’amibes, révèle les traits de ressemblance les plus frappans. Ce que l’on observe sur les uns se reproduit chez les autres et il est permis, par suite, de substituer l’examen de ceux-ci à l’examen de ceux-là. Il y a, à une telle substitution, cet avantage que les amibes sont plus gros (quelques espèces sont visibles à l’œil nu), plus rustiques et se prêtent mieux à l’étude. Ce sont les animaux microscopiques les plus simples. On les trouve fixés sur les feuilles ou sur les débris immergés, dans l’eau des étangs et des marais, dans la terre humide, dans les flaques saumâtres et marines. Un naturaliste, Loesch, en a signalé une variété qui vivrait en parasite chez l’homme, dans l’intestin. Ce serait une analogie de plus avec les leucocytes.

Le rôle varié et les propriétés de ces organismes cellulaires intéressent au plus haut degré la physiologie dans toutes ses branches et presque dans tous ses chapitres. En particulier, on a établi que les globules blancs du sang donnent naissance aux agens les plus énergiques et les plus spéciaux de la chimie vivante, aux fermens solubles ou enzymes qui déterminent la coagulation du sang extrait des vaisseaux (ferment coagulateur ou thrombase), la consommation du sucre (ferment glycolytique) et à de nombreuses diastases. La présence de la nucléine dans leur noyau entraîne des conséquences que l’on commence seulement à apercevoir.


Les leucocytes ou phagocytes se comportent donc comme des êtres indépendans ; ils s’acquittent des mêmes fonctions que les animaux plus élevés ; ils se nourrissent, respirent, se reproduisent, se meuvent et sentent, c’est-à-dire sont impressionnés par les excitans extérieurs. Mais ces opérations prennent chez eux un caractère de simplicité extrême : elles semblent le résultat direct des propriétés physiques et chimiques du protoplasma qui les compose, si bien que le côté mystérieux de ces fonctions vitales s’évanouit presque entièrement lorsqu’on les envisage à ces premiers débuts. Leur respiration est l’effet d’une sorte d’affinité entre leur substance et le gaz vital : un chimiotactisme les dirige vers l’oxygène. Si l’on fait une préparation microscopique de lymphe fraîche emprisonnant quelques bulles d’air, et qu’on la ferme hermétiquement avec de la paraffine, on voit, au bout de deux ou trois heures, tous les leucocytes groupés autour des