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Le 30 de la 12e lune, dernier jour de l’année, tout est achevé, les boutiques ferment, et pendant quatre ou cinq jours on ne trouve plus à acheter même les victuailles les plus usuelles ; le petit commerce reprend le premier, mais les vacances des grandes maisons se prolongent jusque vers le 15. Pendant ce temps de repos, les premiers jours sont réservés aux cérémonies de famille ; le 3 ou le 4, les commis se réunissent dans les magasins, les patrons dans la salle de la corporation, et l’on festoie, sans jamais oublier d’offrir aux dieux des viandes et des gâteaux, avec des fruits, du vin, du thé et de l’encens.

Pour maintenir l’ordre entre les membres de la corporation, gens du même métier, sans cesse en rapports d’affaires, il faut aux syndics un pouvoir d’arbitrage ; pour assurer le fonctionnement de la corporation même, il lui faut une caisse commune. Cette double conclusion découle nécessairement de tous les faits qui m’ont été rapportés ; mais ce sont là des questions tout à fait intérieures, propres aux marchands et qui n’arrivent pas à la connaissance du public. Aussi n’ai-je pu avoir sur ces deux points que des affirmations très nettes, mais peu détaillées. Les chefs de la corporation interviennent, m’a-t-on dit, dans les litiges des membres, arrêtent les manœuvres malhonnêtes que l’un pourrait tenter contre l’autre ; ont-ils une vraie autorité judiciaire ? je ne le pense pas ; ils doivent plutôt agir comme intermédiaires, ainsi qu’il arrive fréquemment en Chine. Quant à la caisse, elle est alimentée par des cotisations et par des amendes ; elle peut aussi contracter des emprunts, puisque les marchands de sel de Thien-tsin sont encore tenus d’intérêts pour diverses dettes contractées par la corporation au siècle dernier.


IV

Il est d’ailleurs naturel que sur ces deux points, comme sur beaucoup d’autres, on rencontre entre les corporations de grandes différences ; elles se sont constituées, je l’ai dit, à des époques diverses, indépendamment les unes des autres ; il n’y a donc accord que sur les lignes essentielles. Après avoir indiqué les principes généraux, je vais noter maintenant quelques détails d’organisation, avec quelques exceptions aux règles communes. Le prix minimum fixé par l’assemblée n’est pas dans toutes les corporations également impératif ; ainsi chez les marchands de fourrures,