Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 156.djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’important duché de Luxembourg qui, bien que faisant partie des domaines héréditaires de l’Autriche, n’avait jamais été compris dans l’administration dont le siège était à Bruxelles. Le prince d’Orange réclama ces diverses acquisitions comme nécessaires à ses yeux pour qu’il pût remplir le rôle de boulevard du Nord qui lui était confié.

La plupart furent accordées sans aucune difficulté, personne ne les réclamant. L’annexion seule du duché de Luxembourg donna lieu à quelque contestation, non que l’Autriche témoignât sur ce point, pas plus que sur plusieurs autres, le moindre désir de recouvrer ses possessions de l’Allemagne méridionale, qui, à la distance où elles étaient placées du siège de son Empire, lui avaient toujours causé plus d’embarras à conserver que donné de force ou de profit ; mais l’accroissement de territoire réclamé paraissait considérable et assurait au royaume des Pays-Bas une plus grande importance relative qu’on n’avait eu l’intention de lui conférer. Le prince d’Orange ne put calmer cette susceptibilité qu’en offrant de céder en échange des districts placés au centre de l’Allemagne et auxquels il pouvait prétendre comme héritier de la maison de Nassau ; et ce fut dans ces conditions que le marché fut conclu. Encore ne put-on tomber d’accord qu’avec cette réserve que le Luxembourg, ayant de tout temps fait partie de l’Allemagne, ne serait pas cédé en pleine souveraineté à un souverain de race et de filiation étrangère. Il fut donc stipulé que, si le Luxembourg et les Pays-Bas étaient réunis sous un même maître, ce serait au titre d’une union purement personnelle, la qualité de roi et celle de grand-duc restant distinctes et le Grand-Duché lui-même continuant à faire partie de la Confédération germanique qu’on venait de reconstituer et astreint aux conditions imposées par le lien fédéral à tous les États allemands associés. Cette disposition, qui devait plus tard donner lieu à plus d’une difficulté, parut au contraire avoir ce jour-là l’avantage d’établir, entre le nouveau roi et ses confrères couronnés dont les représentai siégeaient à côté des siens dans la même diète, des relations plus familières et plus étroites.

C’était bien d’avoir ainsi unifié et complété contre les dangers à venir la ligne de défense européenne, mais quelque chose de plus matériel et de plus tangible était nécessaire pour opposer une digue constante à une pression toujours menaçante. C’est à quoi, avant de se séparer, les puissances coalisées eurent soin de