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un instrument nécessaire pour défendre l’indépendance nationale.

C’est bien dans ces termes que fut conclue, en 1828, c’est-à-dire après treize ans de patience, l’union expresse et formelle des partis catholiques et des libéraux. Le plan d’attaque convenu fut un pétitionnement général, adressé au roi et aux Chambres, pour obtenir la modification de la loi fondamentale dans un sens plus conforme aux principes du droit constitutionnel d’Angleterre et de la Charte française.

L’entente ne put s’établir que moyennant, des deux côtés, quelques concessions que la sagesse des chefs sut faire accepter des soldats. De la part des libéraux, il fallut renoncer à s’associer, comme ils l’avaient fait jusque-là, à la polémique injurieuse à laquelle se livrait, au même moment, la presse de France contre l’Eglise et les prêtres. Il fallut cesser de parler de l’Inquisition et de la Saint-Barthélémy, de l’astuce et de l’esprit de domination des jésuites, de la mainmorte et du danger que peut faire courir à la prospérité générale l’extension des biens monastiques. Tous ces lieux communs à l’usage des esprits forts de bas étage, qui devaient reparaître plus tard, même en Belgique, sans avoir rien perdu pour attendre, durent être supprimés ou du moins ajournés ce jour-là.

Les catholiques, de leur côté, durent donner à leurs revendications un ton qui parût moins exclusif et moins personnel, demander, en un mot, la liberté comme un droit commun pour tous, incrédules ou croyans, et non comme un droit privilégié pour l’Eglise et ses fidèles. C’est à quoi s’engagèrent, par de franches autant que fières déclarations, les personnes les plus éminentes du groupe catholique, affirmant qu’à leurs yeux, les jours de la domination absolue de l’Eglise étaient passés et que, pour remplir son éternelle mission de prédication et de propagande, elle ne réclamait que sa part dans la liberté générale, sûre que, par la grâce divine et la force de la vérité, elle saurait se la faire assez grande.

Ce fut surtout au sujet de la liberté d’enseignement, principal objet des réclamations des catholiques, mais que les libéraux, l’esprit plein d’anciens préjugés, avaient le plus de peine à admettre, que ce changement, non de conviction, mais d’attitude, fut nécessaire. Il fallait se défendre du soupçon de vouloir, en protestant contre la souveraineté de l’Etat en matière