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provisoire pris parmi les chefs du mouvement pour garantir l’ordre matériel ; puis le pays tout entier suivant le mouvement de la capitale, et la royauté, si elle veut persister, réduite à faire prendre à la lutte le caractère d’une guerre civile.

C’est avant de s’exposer aux hasards de cette extrémité redoutable, que Guillaume, sentant la force lui échapper, mais non sa volonté fléchir, irrité de sa défaite, nullement résigné à la subir, se résolut à rappeler aux puissances d’Europe, qu’en acceptant la couronne du royaume uni des Pays-Bas, il avait reçu d’elles moins une nation à gouverner qu’un mandai à remplir et une position à défendre. Cette union de deux peuples dont on lui reprochait d’avoir forcé et violenté les conditions, c’étaient elles qui lui avaient enjoint de la rendre intime et complète. Leur convenait-il de laisser ébranler, par une fissure qui en amènerait l’effondrement, les remparts qu’elles avaient elles-mêmes construits ? Ne leur importait-il plus de savoir en quelles mains tomberaient les forteresses qu’elles avaient mis tant de soin à dresser ? C’est la question qu’il leur posa. Quelle réponse il devait recevoir, c’est ce qui ne peut être bien compris qu’en se rendant compte de ce qu’était devenu l’état de l’Europe elle-même, quand cet appel lui fut adressé.


Duc DE BROGLIE.