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La propagation de l’électricité dans un électrolyte n’a pas de rapport avec sa propagation dans un conducteur.

Dans celui-ci, le courant ne détermine aucune dislocation moléculaire, aucune opération chimique ; le seul travail qu’il exécute s’emploie à vaincre la résistance du conducteur et se traduit par un dégagement de chaleur. On peut mesurer directement cette production calorifique, ou la calculer d’après la loi de Ioule. C’est la seule portion de l’énergie électrique qui soit arrêtée ; le reste passe. Lorsque l’opération se fait à une autre température plus élevée, la résistance au passage augmente, la conductibilité décroit.

Tout autre est la condition de la propagation dans les électrolytes, soit au point de vue énergétique, soit au point de vue de l’influence de la température. Le courant ne transmet au-delà de l’électrolyte qu’une partie de son énergie ; il dépense le reste à son intérieur pour deux besognes dont la première est de disloquer la molécule du sel en ions, ce qui est une espèce de travail chimique.

La seconde besogne du courant consiste à se propager, suivant son mode spécial, c’est-à-dire à vaincre les résistances inhérentes à ce genre de progression. Ce n’est plus un mouvement de fluides, c’est un mouvement de corps matériels, les ions, qui charrient l’électricité à l’une et l’autre électrode, suivant l’explication de Grotthus. Ces résistances ne sont donc pas identiques à celles de la propagation dans les conducteurs. Elles absorbent plus ou moins d’énergie électrique pour la transformer en plus ou moins d’énergie de mouvement. Leur grandeur est en rapport avec les circonstances du mouvement des ions, avec leur vitesse ; elles renseignent sur cette vitesse : d’où l’intérêt de leur mesure. La conductibilité, qui est le nombre inverse de la résistance, n’a donc pas la même signification physique pour l’électrolyte que pour le conducteur. Elle ne suit pas les mêmes lois. A l’inverse de celle-ci, elle croît avec la température. Dans les solutions très diluées, elle devient indépendante de la nature du corps dissous : une molécule a toujours la même conductibilité, quel que soit l’électrolyte. (Loi limite de Bouty. )


IV

La plus importante des lois de l’électrolyse est la loi de quantité, établie par Faraday et précisée par Becquerel. Elle relie, en grandeur, l’agent électrique à l’effet qu’il produit, — et, en second lieu, l’action exercée sur un électrolyte à celle exercée sur un autre quelconque.