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L’AMBASSADE DU DUC DECAZES[1]
(1820-1821)

III.[2]
LE PROLOGUE D’UNE DÉMISSION


I

Inquiet de la santé de sa femme, qu’avait éprouvée le climat de Londres, Decazes, vers la fin de l’été, s’était installé à Harrow, à neuf milles de la capitale, dans un pays agreste et sain. Il avait loué là un luxueux cottage qu’entourait un parc très vaste et très boisé. Ce séjour parut d’abord devoir être salutaire à la duchesse. Elle recouvra des forces et, malgré son état de grossesse, put accompagner son mari dans des promenades qui avaient ordinairement pour but la visite de quelqu’une des propriétés seigneuriales situées dans le voisinage. C’est ainsi qu’ils visitèrent le château d’Hartwell, où Louis XVIII, réfugié en Angleterre, avait vécu pendant les dix années qui précédèrent son avènement au trône de France. Decazes ayant annoncé par avance cette excursion au roi, celui-ci lui recommandait de lui bien préciser le jour où il accomplirait ce pèlerinage, parce qu’il voulait, ce jour-là, l’accompagner en pensée dans ces lieux si pleins pour lui de mélancoliques souvenirs. Puis, par le courrier suivant et sans attendre le compte rendu de la visite, il écrivait :

« Je suis bien empressé de savoir comment vous avez trouvé

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.
  2. Voyez la Revue du 15 octobre et du 15 novembre.