Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 156.djvu/895

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
891
CÔTES ET PORTS FRANÇAIS DE L’OCÉAN

étapes sont données par l’Itinéraire d’Antonin. Son port n’est mentionné par aucun géographe classique. Le premier document officiel qui parle de Lampurdum date de la fin du IVe siècle, c’est la Notitia Dignitatum, qui le désigne comme le centre de cantonnement de la cohorte de la Novempopulanie[1]. La Novempopulanie, comme son nom l’indique, était la réunion de neuf peuples dont le territoire correspondait à peu près à notre ancienne province d’Aquitaine. L’un des plus importans, les Tarbelli, avait pour cité une localité dont les sources thermales avaient fait la fortune ; c’était Aquæ Tarbellicæ ou civitas Aquensium, la ville d’Acqs du moyen-âge, que nous appelons et écrivons très mal aujourd’hui « Dax. » Il est très probable que Lampurdum et Aquæ Tarbellicæ, tous deux sur l’Adour, communiquaient d’abord par le fleuve très facilement navigable, ensuite par une route secondaire qui devait suivre l’une de ses rives.

Mais des vestiges nombreux ont permis de reconnaître une autre route non moins importante qui desservait tous les petits étangs échelonnés en arrière de la ligne des dunes et remontait directement vers le Nord. Les principales stations de cette route étaient. Capbreton, Soustons, Léon, Saint-Girons, Aureilhan, Biscarosse et Sanguinet. Elle se soudait à Losa, Lose, près de Sanguinet, à la grande route d’Espagne en Gaule, se confondait avec celle de Losa à la Teste-de-Buch, Boïos, sur un parcours de cinq milles environ[2] ; et tandis que la grande route hispano-aquitanique tournait brusquement à l’Est pour atteindre Bordeaux, elle continuait sur le Nord jusqu’à l’extrémité de la rive droite de la Gironde, près de la ville un peu problématique de Noviomagus, que les archéologues construisent et détruisent tour à tour sur différens points de la presqu’île de Grave, et qui ne devait pas s’éloigner sensiblement du village de Soulac. C’est la route directe de Bordeaux en Espagne par le littoral, ou plutôt parallèle au littoral, et séparée de lui par le cordon des dunes. Au Sud de Bayonne, elle se prolongeait, toujours à peu de distance de la mer, par Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye et Irun. On pénétrait ainsi en Espagne sans difficulté et on suivait toute la côte

  1. In provincia Novempopulaniæ tribunus cohortis Novempopulaniæ, Lampurdo.
  2. Iter a Lampurdo ad Noviomagum. Cf. E. Dufourcet, les Voies romaines et les Chemins de Saint-Jacques dans l’ancienne Novempopulanie. Texte et carte. Congrès archéologique de France, 1888.