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REVUES ÉTRANGÈRES

LA CORRESPONDANCE DE R. L. STEVENSON

The Letters of R. L. Stevenson to his family and friends, selected and edited with notices and introductions by Sidney Colvin, 2 vol. in-8o, Londres, 1899.

M. Sidney Colvin, l’éminent conservateur du Cabinet des Estampes au British Muséum, vient de publier, en deux gros volumes, la correspondance de R. L. Stevenson. Il l’a fait sur la prière de Stevenson lui-même, qui, dans son testament, avait demandé que M. Colvin « préparât pour l’impression un choix de ses lettres », sachant bien, sans doute, que nul autre de ses amis ne pourrait procéder à ce choix d’une façon plus conforme à ses sentimens. Car l’auteur de l’Ile au Trésor et du Prince Othon avait horreur non seulement de la réclame, mais de toutes les formes de l’indiscrétion. Il n’admettait pas que le talent ni la renommée d’un écrivain fussent des raisons suffisantes pour que la personne de cet écrivain put être livrée en pâture à la curiosité du public. Et le fait est que peu d’écrivains ont mis autant de scrupule à cacher leur vie. Malade depuis l’enfance, avec des crachemens de sang qui, presque de mois en mois, risquaient de le tuer, il s’enorgueillissait de n’avoir jamais écrit une ligne, dans ses livres, qui fût inspirée de ses impressions personnelles de valétudinaire. « Pour moi, disait-il, les flacons de pharmacie sur ma cheminée et le sang sur mon mouchoir ne sont que des accidens ; je ne permets point qu’ils se reflètent dans ma vision de la vie, et à aucun prix je ne voudrais les voir étalés aux yeux de mes lecteurs. Que prouvent-ils ? Que changent-ils ? Ils n’atteignent point la seule partie de moi qui importe au public ;