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contemporain, son intraitable contradicteur, dans un ouvrage non moins magnifique, un aspect très différent de cette école, deux arts très distincts, très complets, très indépendans l’un de l’autre. C’est l’exposé de longues recherches à travers toutes les archives et galeries de l’Europe ; c’est encore l’œuvre d’un critique dont les lecteurs de la Revue connaissent bien l’érudition, la compétence et le goût ; mais c’est aussi l’œuvre d’un peintre qui a examiné toutes les œuvres dont il parle, qui a complété, en les renouvelant, les études sur le peintre d’Anvers et recueilli un peu partout en Europe les élémens du monument qu’il vient d’élever au créateur de tant de chefs-d’œuvre. Il nous dit cette belle et longue carrière de Rubens, ses relations avec les souverains, les événemens auxquels il a été mêlé, bien plus encore l’éclat de son génie, l’universalité même de ses aptitudes, son incomparable fécondité et le nombre vraiment prodigieux de ses œuvres, toutes ces qualités rares qui font de cet artiste l’un des plus grands que nous offre l’histoire de l’art. Il nous découvre les aspects physionomiques de son génie et de son talent, traduit avec sincérité ses sensations en face des tableaux du maître et raconte leur histoire. Par la diversité même des sujets, les planches et les gravures donnent une exacte idée de l’universalité de Rubens, qu’on peut admirer dans ses œuvres les plus éclatantes et les plus caractéristiques, reproduites dans cet ouvrage avec un art et un goût qui font honneur à ses éditeurs.

Dans la nouvelle édition qu’il publie de son livre sur Raphaël[1] qui résume et complète tous ses travaux antérieurs sur l’Urbinate, M. Muntz a pénétré plus avant qu’on ne l’avait fait jusqu’ici dans l’intimité de la vie et dans le détail de l’œuvre du maître. Aux informations déjà recueillies par ses prédécesseurs il a ajouté un large contingent d’informations. Il a encore amélioré cet ouvrage en le tenant au courant de la critique et il nous offre le dernier mot de ce que l’on sait maintenant sur Raphaël.

Entre les livres qui présentent au plus haut point ce double caractère d’information historique et de recherche d’art, où le luxe des compositions s’allie à la beauté typographique, où le savoir et le talent de l’écrivain s’associent étroitement à ceux des maîtres dont il parle, il faut considérer tout d’abord l’Histoire du château de Versailles[2]

  1. Raphaël, sa vie, son œuvre et son temps, par M. Eugène Muntz, nouvelle édition, 1 vol. gr. in-8o jésus. Hachette.
  2. Histoire du Château de Versailles, par M. P. de Nolhac, 2 vol. format 45 X 35, avec 240 gravures dans le texte et 240 planches hors texte. Société d’Édition artistique.