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œuvre audacieuse, à laquelle ses concurrens eux-mêmes rendent justice.

Aujourd’hui, un système télégraphique français fonctionne, avec ses ressources de trafic propres, avec des développemens de lignes qui lui permettent d’atteindre l’Amérique du Nord, toutes les Antilles et l’Amérique du sud jusqu’au Brésil. Ce système télégraphique comprend déjà 23 500 kilomètres de câbles ; il vient au troisième rang comme importance et étendue de réseau, et, seul jusqu’à présent, il se développe en face de l’énorme monopole des compagnies anglaises. Son point d’attache est Brest, son exploitation et sa direction sont françaises, et il apporte aux correspondances avec nos possessions américaines les garanties et les sécurités que l’on réclame pour toutes nos possessions coloniales.

Malheureusement, il n’en est pas de même pour l’Afrique, l’Orient et l’Extrême-Orient. Vers ces régions, nos correspondances ne peuvent être transmises par des lignes françaises que jusqu’à Marseille pour l’Orient, jusqu’à Alger ou Oran pour l’Afrique. De ce côté, rien n’a encore été entrepris et nous avons tout à faire.

Nous avons vu qu’un actif mouvement d’idées et de projets se produit dans tous les grands pays maritimes, en faveur de la création de réseaux de câbles. Les événemens de la guerre hispano-américaine avaient donné une poussée vigoureuse à ce mouvement ; les incidens plus récens de la guerre du Transvaal viennent de faire toucher du doigt le danger qu’il peut y avoir à laisser subsister le monopole britannique qui pèse sur toutes les nations[1]. La France particulièrement se trouverait menacée et

  1. Le gouvernement anglais a fait connaître, le 18 novembre, par l’entremise du Bureau International des Administrations télégraphiques de Berne, qu’il considérait comme nécessaire « de suspendre à Aden, comme cela a été fait au Cap, la transmission des télégrammes en mots de code ou en chiffres, envoyés soit par les Gouvernemens étrangers, soit par les particuliers, à destination ou en provenance de Zanzibar, Seychelles, Maurice, Madagascar, l’Est-Afrique anglaise, l’Est-Afrique allemande, Mozambique, Delagoa-bay, Rhodesia, Afrique Centrale anglaise, État Libre, Transvaal, Colonie du Cap, Natal.
    « Les télégrammes en langage ordinaire seront soumis à la censure et seront envoyés aux risques de l’expéditeur. »